Ceux qui souhaitent son départ comme pilote des Alouettes seront heureux de l'apprendre: Jim Popp ne sera pas l'entraîneur-chef de l'équipe en 2017.

On peut présumer que le propriétaire du club Robert Wetenhall aurait procédé à un changement d'une manière ou d'une autre, mais lors d'un entretien avec La Presse, Popp a clairement fait savoir qu'il ne serait pas de retour sur les lignes de côté la saison prochaine.

Lorsque Popp a conservé son poste d'entraîneur, l'hiver dernier, le plan de l'organisation était déjà bien défini. Popp occuperait le poste jusqu'à ce qu'Anthony Calvillo soit prêt à prendre la relève. Le club ne l'exprimerait sûrement pas de façon aussi limpide, mais au bout du compte, son but était de gagner du temps jusqu'à ce que Calvillo ait fini de faire ses classes.

S'il y a une seule personne qui a plus de poids que Popp dans cette équipe, c'est Calvillo. Le souhait le plus cher de l'organisation est qu'il redevienne un jour le visage de l'équipe.

Sauf que les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Les Alouettes montrent une piètre fiche de 3-7 et ont perdu cinq de leurs six matchs à domicile. Qui plus est, le spectacle offert sur la montagne laisse de plus en plus à désirer.

Le résultat, c'est que les gradins se vident au Stade Percival-Molson.

Et ça, c'est un problème pour une équipe qui avait peine à faire ses frais lorsqu'elle disputait des matchs éliminatoires à Montréal et qu'elle a participé au match de la Coupe Grey à huit reprises entre 2000 et 2010. Un très gros problème.

Pas un coach

La grogne des partisans n'a jamais été aussi forte depuis le retour des Alouettes à Montréal au milieu des années 90, et elle est dirigée vers une seule personne: Jim Popp. Une très grande majorité d'amateurs s'opposait à son retour comme entraîneur-chef il y a neuf mois. Si vous aviez accès à mes courriels, vous constateriez que les choses n'ont pas changé au cours des derniers mois.

L'équipe perd, mais il y a plus. En disant à ses joueurs que certains d'eux iraient vendre de la drogue sur le coin d'une rue aux États-Unis s'ils ne commençaient pas à mieux jouer, comme il l'a fait il y a environ un mois, Popp s'est mis plusieurs de ses joueurs à dos. Êtes-vous surpris?

«En toute honnêteté, je croyais que la situation allait dégénérer plus qu'elle ne l'a fait après qu'il [Popp] a dit ce qu'il a dit. Au bout du compte, on ne s'occupe plus vraiment de lui et on écoute ce que nos entraîneurs de position et nos coordonnateurs disent.»

C'est précisément de cette façon qu'un joueur m'a résumé l'état de la situation dans le vestiaire de l'équipe après sa défaite contre Ottawa, jeudi dernier. Et on ne parle pas d'un joueur marginal des unités spéciales ou d'une tête brûlée qui ne pèse pas ses mots. Il s'agit de l'un des vétérans les plus respectés de l'équipe.

Popp n'a tout simplement pas les qualités pour être un bon entraîneur-chef, ni sur le plan stratégique ni comme meneur d'hommes. Il n'a pas le tempérament.

Un DG doit généralement avoir un petit côté reptilien pour être efficace. C'est la nature de l'emploi que de devoir jouer sur plusieurs tableaux à la fois. On n'est pas obligé de mentir, mais on n'est certainement pas obligé de toujours dire la vérité...

À l'inverse, un entraîneur doit être franc avec ses joueurs. Être dur, mais juste. Il doit savoir les motiver, tout en les défendant bec et ongles devant les micros. Popp ne fait rien de tout ça.

L'actuelle saison aura toutefois servi à quelque chose. S'il y avait encore des doutes, il n'y en a plus. Popp ne devrait plus jamais être l'entraîneur-chef des Alouettes à la conclusion de la saison. Ça fait plusieurs fois qu'il se retrouve dans ce fauteuil et les résultats n'ont jamais été bons.

Le facteur économique

Popp soutient depuis le début qu'il ne s'est pas nommé entraîneur-chef de l'équipe. «C'était la décision de l'équipe et j'ai accepté de le faire parce que je suis loyal», a-t-il dit à La Presse, mercredi.

On peut présumer que l'argent a été un facteur déterminant dans la décision des Alouettes de l'avoir nommé entraîneur-chef. L'organisation a été contrainte de payer des sommes substantielles à plusieurs employés qu'elle avait congédiés au cours des dernières années. On n'a qu'à penser à Dan Hawkins, à Tom Higgins et à Ray Lalonde. Elle a probablement économisé des centaines de milliers de dollars en laissant Popp sur les lignes de côté.

Mais la situation actuelle est intenable. Si la décision pourrait être prise plus vite qu'on le pense, elle le sera au plus tard à l'hiver. Et après les échecs qu'ont été les nominations de Hawkins, de Higgins et de Popp, l'organisation ne pourra pas se permettre de se tromper.

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Qui lui succédera?

La question de la succession de Jim Popp sera sur toutes les lèvres jusqu'à ce qu'on connaisse l'identité du prochain entraîneur-chef des Als. Voici quelques candidats plausibles.

Anthony Calvillo

L'équipe peut-elle suivre son plan initial en nommant Anthony Calvillo? Compte tenu des difficultés de l'attaque, ce serait un risque énorme. Ce serait dire qu'en moins de deux ans, l'ancien quart-arrière serait passé d'entraîneur des receveurs à entraîneur des quarts et coordonnateur offensif, puis à entraîneur-chef. C'est beaucoup.

Noel Thorpe 

Thorpe serait un candidat très intéressant et son nom a circulé à plusieurs reprises lorsqu'il y a eu des ouvertures, à Montréal comme ailleurs. Mais sa personnalité abrasive ne fait pas l'unanimité et il n'est peut-être plus dans les bonnes grâces de l'organisation après avoir tenté de se joindre aux Eskimos.

Kavis Reed 

L'autre coordonnateur actuel de l'équipe (unités spéciales) a déjà dirigé les Eskimos au début de la décennie. Il a de l'expérience. Croyez-vous toutefois qu'une nomination de Reed relancerait l'intérêt des amateurs et ferait vendre des billets?

Marc Trestman

L'ancien entraîneur-chef se laisserait-il tenter par un retour si son association avec les Ravens de Baltimore se terminait en janvier? Peut-être. L'homme a adoré son expérience montréalaise. Son épouse Cindy, aussi. Préférerait-il être entraîneur-chef dans la LCF ou coordonnateur dans la NFL?

Jacques Chapdelaine

Actuellement entraîneur des receveurs de l'équipe, Chapdelaine n'a jamais eu l'occasion d'être entraîneur-chef dans la LCF. Pédagogue dans l'âme, le Québécois est peut-être la personne la plus qualifiée dans l'organisation pour succéder à Popp.

Danny Maciocia

Maciocia semble parfaitement heureux et satisfait de son emploi actuel avec les Carabins de l'Université de Montréal, qui ont atteint de nouveaux sommets sous sa gouverne. Accepterait-il de revenir au football professionnel? Il serait assurément l'un des candidats préférés du public.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Anthony Calvillo