Après la saison dernière, on ne croyait jamais que les Alouettes auraient de nouveau à faire appel à quatre quarts-arrières différents au cours d'une même campagne. Du moins, on l'espérait. Et pourtant, un an plus tard, voilà que l'équipe est confrontée à la même situation.

Au début de 2013, c'est évidemment un certain Anthony Calvillo qui dirigeait l'attaque des Moineaux. Mais comme on le sait, le légendaire numéro 13 a subi une blessure qui a mis un terme à sa saison et à sa carrière. Tour à tour, Josh Neiswander et Tanner Marsh lui ont succédé, avec leurs hauts et leurs bas.

Puis, vers la fin du calendrier, Troy Smith a débarqué en démontrant des signes qui ont fait croire à certains que les Als venaient de dénicher le digne successeur de Calvillo.

Cette saison, le carrousel s'est encore mis en marche malgré lui. Les déboires prolongés de Smith ont fini par convaincre l'organisation de le remplacer par Alex Brink. Ce dernier aura passé à peine plus d'un match sur le terrain avant que l'actuel partant, Jonathan Crompton, entre en scène. Marsh a lui aussi vu un peu d'action. Ç'a cependant été très bref, et il est désormais employé presque exclusivement lors de faufilades du quart.

Une constante

Si les circonstances à l'origine du manège de quarts en 2014 ne sont pas les mêmes qu'en 2013, on retrouve cependant une constante: l'impact que ces nombreux remplacements peuvent avoir sur les performances du groupe de receveurs. Quasi inexistante en début de saison, l'attaque aérienne des Als commence tout juste à reprendre du poil de la bête.

«Vous souhaitez toujours avoir de la stabilité et une continuité. Nous y avons été habitués en ayant le 13 derrière nous pour mener le jeu. Maintenant, on s'habitue à des gars qui essaient d'être au niveau d'AC et qui tentent de faire différentes choses», a noté à ce sujet Brandon London, lors d'un entretien avec La Presse.

Même son de cloche chez son collègue Éric Deslauriers. «Des gens comme Anthony Calvillo et (l'ancien demi inséré) Ben Cahoon, tu ne peux pas remplacer ça. Oui, tu peux mettre quelqu'un d'autre qui sera peut-être comme ça un jour, mais le leadership et le caractère qu'il (Calvillo) amenait au sport, aux matchs et à l'équipe, c'est irremplaçable.»

Du jamais vu pour Schonert

L'entraîneur des receveurs, Turk Schonert, admet qu'il doit composer avec un tel casse-tête pour la première fois de sa carrière.

«Je pense que deux est le nombre le plus élevé que j'ai vu, dit-il. J'ai vu d'autres clubs à qui c'est arrivé, cependant. C'est difficile lorsque ça se produit. Tout le monde doit se rallier autour du quart-arrière et faire son travail. S'ils (les receveurs) peuvent élever leur niveau de jeu un peu, ça aide le quart.

«Tous les quarts lancent le ballon différemment, ajoute-t-il. Certains ont des bras canons. Certains lancent plus rapidement, d'autres plus tard. Tous ces éléments entrent en jeu. Au moins, tout le monde ici est droitier, alors la rotation du ballon reste la même», ajoute-t-il à la blague.

Aux yeux de Schonert, si les receveurs doivent s'adapter à chaque nouveau quart-arrière, l'inverse est tout aussi vrai. Et les joueurs en sont bien conscients.

«Ce n'est pas facile pour eux d'arriver sur le terrain et de commencer à nous envoyer le ballon directement dans les mains, signale London. Je crois qu'en tant que receveurs, nous devons les aider, réussir certains jeux pour eux et leur enlever de la pression.»

Si Crompton est en mesure au cours des prochains matchs de répéter ce qu'il a fait contre les Blue Bombers de Winnipeg, nul doute qu'il demeurera le partant des Als pour un bon moment. Mais malgré tout, l'entraîneur-chef Tom Higgins n'a pas fermé la porte à un autre remaniement.

«Nous sommes en voie de trouver une solution, a-t-il expliqué. Ce ne sont pas trois quarts qui nous permettront de prendre une décision, mais il a très bien fait. Cela dit, s'il vous plaît, ne soyez pas surpris si Alex revient sur le terrain. Vous avez vraiment besoin d'avoir deux quarts-arrières, et nous ne sommes pas certains d'avoir trouvé le nôtre.»

Fort bien. Mais n'empêche qu'un peu de stabilité, sur quelque plan que ce soit, ferait le plus grand bien aux Alouettes.