Scott Flory ne doute pas qu'il aurait pu poursuivre sa carrière de joueur, mais il a jugé que le moment était bien choisi pour tourner la page. Nouvellement élu président de l'Association des joueurs de la Ligue canadienne de football (LCF) il y a un peu plus d'un mois, l'ancien garde a annoncé mercredi qu'il prenait sa retraite en tant que joueur.

«C'est une décision qui a été très difficile à prendre, mais on se retrouve ici aujourd'hui en raison d'événements favorables», a expliqué Flory, qui ne voulait pas risquer de faire deux tâches à moitié.

«Je ne pense pas que j'aurais pu faire les deux convenablement, même si j'aurais techniquement pu le faire. J'ai toujours tout fait en mon pouvoir afin d'être le meilleur joueur possible durant ma carrière de 15 saisons et je veux faire la même chose dans mon nouveau rôle», a déclaré Flory, qui n'a toutefois pas voulu commenter les négociations actuelles entre l'Association des joueurs et la LCF, qui seraient au point mort.

C'est une époque qui prend fin chez les Alouettes, puisque Flory était le dernier joueur du club à avoir gagné la Coupe Grey en 2002. John Bowman et Chip Cox deviennent les joueurs de l'équipe qui comptent le plus d'ancienneté, eux qui sont arrivés à Montréal en 2006.

«J'ai eu le privilège de passer toute ma carrière avec les Alouettes. Les partisans de Montréal sont incroyables, et je n'oublierai jamais les trois défilés de la Coupe Grey», a souligné Flory, nommé dans l'équipe d'étoiles à neuf reprises et qui a remporté le titre du meilleur joueur de ligne offensive de la LCF en 2008 et en 2009.

«Je considère Montréal comme ma maison et je veux remercier tout le monde du fond du coeur pour les 15 dernières années.»

En plus des partisans de l'équipe, Flory a notamment remercié le propriétaire Robert Wetenhall, le président Mark Weightman, le DG Jim Popp, ses anciens entraîneurs, en particulier Don Matthews, Marc Trestman et Pat Meyer, qui a été responsable de la ligne offensive de l'équipe en 2012. Il a également eu de bons mots pour ses anciens coéquipiers, dont Anthony Calvillo.

«C'est assez spécial de jouer pendant 15 saisons et d'avoir pu protéger le même quart-arrière pendant tout ce temps. Un quart qui est le meilleur de l'histoire, selon moi», a dit Flory après avoir remercié Calvillo et sa femme Alexia, qui sont des amis proches de la famille Flory.

L'athlète de 37 ans a également remercié sa famille et ses amis, et a eu peine à contenir ses larmes lorsqu'il a parlé de sa femme Natasha, qui partage sa vie depuis plus de 20 ans.

«Tu m'as toujours aidé à être le meilleur joueur que je pouvais être. On a eu trois magnifiques enfants ensemble. Je t'apprécie, je t'aime et je te respecte pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu es ma meilleure amie.»

Une décision déchirante

Les Alouettes auraient aimé que Flory revienne au jeu en 2014, et ce dernier croit qu'il aurait été capable de disputer quelques autres saisons. Sa nomination à la tête de l'Association des joueurs a toutefois changé la donne.

En plus d'estimer qu'il pouvait encore faire le boulot sur le terrain, Flory aurait aimé continuer de jouer pour deux raisons en particulier: parce qu'il juge que les Alouettes s'en vont dans la bonne direction et parce que sa dernière saison s'est terminée à la suite d'une blessure à un bras.

«Aucun athlète ne veut quitter son sport après une blessure, en sortant du terrain en se tenant le bras», a-t-il noté.

C'est à la suite de cette blessure que Flory est en quelque sorte devenu entraîneur, la saison dernière. Il ne ferme d'ailleurs pas la porte à une éventuelle carrière sur les lignes de touche. «J'aime le football et tout ce qui s'y rattache, mais je n'ai pas de boule de cristal.»

S'il admet qu'il ne s'ennuiera pas de l'entraînement rigoureux qu'exige une carrière de joueur, Flory sait déjà qu'il ne retrouvera pas l'ambiance qui règne au sein d'une équipe dans son nouvel emploi.

«La camaraderie me manquera, car c'est un environnement de travail qu'il est impossible à retrouver ailleurs. On ne peut pas entrer dans un bureau et commencer à agir comme on le fait dans un vestiaire de joueurs...»

Flory a mentionné à plusieurs reprises, mercredi, qu'il aimait profondément le football. C'est d'ailleurs parce qu'il pouvait s'assurer de rester impliqué dans le football professionnel qu'il a choisi, il y a trois mois, de poser sa candidature pour le poste qu'il occupera dorénavant.

«Je suis tombé amoureux du football dès que j'ai commencé à le pratiquer à l'âge de 10 ans, à Regina. Je me souviens que je me rendais à mes entraînements en vélo, vêtu de tout mon équipement, et que je me sentais invincible comme si j'étais l'enfant le plus cool du monde. Et je sens que je n'ai jamais perdu cet amour et cette fierté pour mon sport.»

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Ils ont dit

> Anthony Calvillo: «C'était un joueur qui était très dédié à son travail, autant sur le terrain qu'à l'extérieur. Il était un excellent leader et il restera toujours l'un de mes très bons amis.»

> Luc Brodeur-Jourdain: «Il était un professionnel sur toute la ligne. Il était dans une classe à part, et c'est pour cette raison qu'il y a autant de gens qui sont venus ici aujourd'hui. Il a été repêché en 1998 et est devenu le représentant des joueurs des Alouettes en 2002... Ça en dit long sur le respect qu'il imposait et sur le type de personne qu'il est. Scott est un modèle à suivre.»

> Éric Deslauriers: «Scott était pratiquement l'entraîneur de la ligue offensive l'année dernière. Dès que j'avais une question concernant notre protection de passe, c'est lui que j'allais voir. C'est un gars qui organisait souvent des activités afin de solidifier notre esprit d'équipe. Comme aujourd'hui (mercredi) par exemple, on va tous aller dîner ensemble au restaurant. C'est une personne très intelligente, et je pense qu'il est irremplaçable. Dans un sens, c'est une aussi grosse perte que celle d'Anthony Calvillo, selon moi.»