S'il y avait encore des doutes au sujet de la principale lacune des Alouettes, ils sont inexistants depuis le repêchage canadien de dimanche dernier.

En investissant deux premiers choix afin d'acquérir des botteurs, Jim Popp n'a pas lésiné pour régler un problème qui a presque coulé son équipe lors du match de la Coupe Grey, en novembre. Le DG a d'abord échangé son premier choix de 2012 aux Lions de la Colombie-Britannique pour acquérir Sean Whyte, puis il a sélectionné Brody McKnight avec le huitième choix de l'encan de cette année.

On savait depuis longtemps que la carrière de Damon Duval chez les Alouettes était chose du passé. La Presse l'avait d'ailleurs rapporté dès les jours qui ont suivi la victoire des Oiseaux contre les Roughriders de la Saskatchewan. Or, l'obtention de deux botteurs plutôt qu'un seul, elle, a eu de quoi étonner.

Repêcher un botteur au cours des trois premières rondes est perçu comme un véritable sacrilège dans la NFL - où on n'hésite jamais à rappeler que les botteurs ne sont pas vraiment des joueurs de football... Même si la réalité est fort différente dans la Ligue canadienne, deux choix de première ronde, c'est un prix plutôt élevé pour pourvoir un poste de botteur.

«Brody pourrait faire partie de notre équipe l'année prochaine, mais il pourrait tout aussi bien n'être avec nous que dans cinq ans. On pourrait avoir besoin d'une saine concurrence parmi nos botteurs dès l'an prochain; les blessures pourraient complètement changer la donne; bref, on ne sait pas comment les choses se dérouleront. Chose certaine, si on possède deux bons botteurs, plusieurs équipes démontreront de l'intérêt», a souligné Popp, hier.

Considéré comme le meilleur espoir disponible du repêchage par les Alouettes, McKnight poursuivra sa carrière à l'Université du Montana cet automne. Au cours des 2 dernières saisons avec les Lions, Whyte a de son côté réussi 27 de ses 35 bottés de précision. Les deux joueurs ont deux choses en commun: ils sont canadiens et ils peuvent se charger de tous les types de bottés (de précision, d'envoi et de dégagement).

«De pouvoir compter sur un botteur canadien, comme c'était le cas avec Terry Baker il y a six ou sept ans, nous donnera une plus grande latitude sur le plan de la proportion de joueurs canadiens. Nous aurons plus d'options à notre disposition si notre équipe devait subir plusieurs blessures», a noté Popp, qui a pris part à une conférence de presse téléphonique avec le président Ray Lalonde et l'entraîneur-chef Marc Trestman, hier.

Dans la NFL?

Certains des sept espoirs repêchés par les Alouettes le week-end dernier pourraient éventuellement se retrouver dans la NFL. C'est notamment le cas de McKnight, ainsi que des joueurs de ligne offensive Anthony Barrette et Philip Blake, repêchés en deuxième et en troisième ronde. Sélectionné au cinquième tour, le joueur de ligne défensive Vaugh Martin fait quant à lui déjà partie des Chargers de San Diego.

«Les Chargers ont changé de stratégie défensive en raison du départ du coordonnateur Ron Rivera. Martin pourrait demeurer à San Diego pendant 10 ans, mais il pourrait tout aussi bien quitter l'équipe dès cette année. Il pourrait également se retrouver avec les Panthers de la Caroline, qui sont maintenant dirigés par Rivera. Mais s'il se joint à notre équipe un jour, ce sera comme si on ajoutait un choix de première ronde», a estimé Popp.

Selon le directeur général, les chances sont toutefois très bonnes que Barrette (Concordia) et Blake (Baylor) jouent à Montréal au cours des prochaines années. «Les deux joueurs susciteront l'intérêt d'équipes de la NFL, mais pas autant que Danny Watkins.»

Choisi au quatrième rang du repêchage de 2010 par la Colombie-Britannique, Watkins est devenu un membre des Eagles de Philadelphie lorsque ceux-ci en ont fait leur choix de première ronde, il y a deux semaines.

Aucune hâte

Lorsqu'une équipe vient de remporter deux championnats et qu'elle a greffé une dizaine de joueurs autonomes à sa formation au cours de la saison morte, les probabilités qu'une verte recrue perce la formation sont plutôt minces. Ainsi, les Alouettes pouvaient se permettre quelques coups de dés.

«Nous sommes chanceux d'être dans une telle position. Nous n'avons pas besoin de nos espoirs dans l'immédiat. Nous n'avons aucun intérêt à les voir participer à notre camp d'entraînement et qu'ils se fassent retrancher. Nous pouvons nous permettre d'être patients pendant quelques années, alors nous avons a pu choisir les meilleurs joueurs disponibles. Et c'est une formule qui a bien fonctionné pour nous par le passé, notamment avec Josh Bourke et Jeff Perrett», de faire remarquer le DG.