À première vue, les différences sont majeures, flagrantes. L'une semble appartenir au monde de l'aérospatial, tant elle est drapée d'appendices aérodynamiques de toutes sortes, tous plus pointus les uns que les autres, mais dispersés selon une certaine logique. L'autre semble plus près des voitures que nous conduisons avec une robe qui recouvre le châssis et les roues. L'absence de portes, le becquet arrière et les pots d'échappement latéraux exposent cependant aux non-initiés le fossé qui sépare la voiture de stock-car des coupés offerts chez les concessionnaires du coin. Certes, la F1 et le Nascar sont deux disciplines de sport motorisé, mais il s'agit d'un des rares éléments qui les relient. Deux philosophies diamétralement opposées qui partagent le même circuit pour deux courtes périodes.

Le V8 à l'honneur

Lorsque l'on soulève les capots des bolides de Formule 1 et ceux inscrits en série Nationwide, on découvre des architectures de motorisation semblables. Les deux voitures misent sur des huit-cylindres en V, une disposition couramment employée dans les camionnettes et voitures de haute performance. C'est néanmoins lorsque l'on s'attarde aux détails que les différences frappent.

En F1, le V8 à injection électronique ultrasophistiquée, déposé en arrière au centre du châssis, n'a que 2,4 litres de cylindrée, une grosseur comparable à un quatre-cylindres d'une berline intermédiaire. Il est secondé, lorsque désiré, par un moteur électrique de 60 KW et son bloc est fait entièrement en alliage d'aluminium, ce qui lui permet d'afficher un poids d'à peine 95 kg. Côté puissance, les chiffres sont gardés secrets. On estime toutefois qu'elle se situerait non loin des 800 chevaux. Ce moteur peut, par ailleurs, révolutionner jusqu'à 18 000 tours/minute!

En Nationwide, le moulin, fait en grande partie de fonte, est à l'avant et son volume atteint 5,9 litres (ou 360 pouces cubes). Dans son cas, le mélange air-essence est préparé par un carburateur Holley à quatre barils, oui, oui, tout comme le Chrysler Cordoba que vous avez jadis eu. Sa puissance n'a toutefois rien à voir: elle avoisine 650 chevaux à 8200 tours/minute, 200 de moins qu'un bolide de la Coupe Sprint (la majeure différence depuis cette année). Néanmoins, l'avantage de ce moteur devant le menu 2,4-litres se situe sur le plan du couple beaucoup plus généreux et de la plage d'utilisation.

Du reste, les boîtes de vitesses qui guident ces deux moteurs sont aussi aux antipodes. La monoplace de F1 s'appuie sur une boîte hydraulique robotisée à sept rapports. Le pilote n'a pas à contrôler l'embrayage, sauf au départ. En série Nationwide, la transmission à seulement quatre rapports est entièrement manuelle avec une pédale de débrayage au plancher.

Le poids

Bien évidemment, la différence la plus remarquable entre ces deux engins est le poids. Le squelette d'une F1 fait entièrement de matériaux composites très légers permet d'abaisser la masse à 640 kg avec le pilote. Une voiture de la série Nationwide dont le châssis tubulaire est fait d'acier pèse 1565 kg sans le jockey.

Cet important écart et de l'appui aérodynamique beaucoup plus important pour la F1, sans parler des éléments suspenseurs et des freins plus endurants, donnent à la monoplace des capacités dynamiques inégalées. La stock-car roule donc plus lentement d'environ 27 secondes au tour lorsqu'on fait une comparaison directe sur le circuit Gilles-Villeneuve, le seul où un tel rapprochement est possible.

Plus lente, moins excitante? On vous laisse juger...