Personne n'a gagné autant de courses en Nationwide (ou en Busch, si vous préférez) que Mark Martin. Mais à 49 ans, ses chances de se rendre à Victory Lane se font plus rares. Hier, Martin a prouvé qu'il pouvait encore faire la barbe aux plus jeunes, en décrochant sa 48e victoire du championnat. Patient, il a profité des nombreux accrochages de ses adversaires pour se hisser en tête.

En effet, ceux qui confondent NASCAR et derby de démolition auraient eu raison hier. La course a été ponctuée de 13 drapeaux jaunes, un record de tous les temps dans la série. Après 25 tours, six voitures étaient sorties de piste, la carrosserie comme du papier froissé. Bilan final des dégâts: 16 voitures déchiquetées, aucun blessé.

Martin lui-même a mis son grain de sel dans cette hécatombe en emboutissant la voiture de Carl Edwards. Ce dernier s'est mis à déraper et est allé percuter Brad Keselowski. Les deux pilotes bataillaient pour la première place, mais leur course s'est terminée là-dessus. «J'ai fait une erreur, a admis Mark Martin, reconnu comme le plus grand gentleman du circuit. J'étais en pleine bagarre avec Greg Biffle et je n'ai pas pu freiner à temps...»

Pour Martin, cet accrochage est le seul bémol d'une journée très émouvante. Car il ne s'agissait pas seulement de la victoire d'un vétéran. C'était une victoire dans la voiture numéro 5 jadis pilotée par Dale Earnhardt Sr. Et de la toute première victoire de la nouvelle écurie dirigée par Rick Hendricks et... Earnhardt Junior. «Je connais Mark depuis toujours, dit Junior. Il m'a appris tellement de choses. C'est étrange comment la vie peut tourner parfois. C'est émouvant de le voir au volant d'une voiture qui sort de notre usine.»

Plusieurs pilotes ont quitté le circuit avec la mine plus sombre. Tony Stewart, notamment, qui semblait voler vers une victoire assurée quand David Reutimann est venu lui barrer le chemin. Un autre accrochage, une autre fin prématurée... On s'attendait à une explosion de gros mots, mais Stewart est resté calme. Il garde peut-être son coup de gueule pour aujourd'hui!

Kyle Busch, lui, ne peut blâmer personne d'autre que lui-même. Pendant quelques tours, il a livré une lutte féroce à Stewart. Les deux casse-cou se sont échangé la tête avec des dépassements à donner la chaire de poule. Un pneu dans l'herbe, un coup de fusée entre deux retardataires. Du grand art! La lutte aurait pu durer toujours si Busch n'avait pas fait exploser un de ses pneus. Il pourra blâmer la malchance, mais quand on pousse trop la machine, il arrive qu'elle nous laisse tomber!