Jacques Villeneuve a donc vite goûté à l'immense popularité de cette course organisée par l'Automobile Club de l'Ouest pour la 75e fois : les 24 heures du Mans.

Jacques Villeneuve a donc vite goûté à l'immense popularité de cette course organisée par l'Automobile Club de l'Ouest pour la 75e fois : les 24 heures du Mans.

Vêtu d'une combinaison blanche, comme toujours trop grande pour lui, le pilote flanquait la fille d'une autre légende, la Peugeot 908 à bord de laquelle il disputera l'épreuve mythique.

C'est qu'après une absence de 14 ans, Peugeot revient au Mans avec des ambitions avouées : gagner, au plus tard en 2008, si ce n'est cette année. Le constructeur avait conclu son aventure précédente en course d'endurance - amorcée en 1990 à Montréal - en monopolisant les trois marches du podium de l'édition 1993 des 24 heures.

Aujourd'hui, malgré les déclarations prudentes de l'écurie, Peugeot semble en bonne posture. Jusqu'ici, les nouvelles «Lionnes» ont remporté les deux courses d'endurance auxquelles elles ont participé : les 1000 km de Valence et de Monza.

«Comme tous les pilotes, je viens ici pour gagner parce que ce sera peut-être ma seule participation au Mans, a dit Jacques Villeneuve à La Presse. De toute façon et peu importe le classement, ce sera une très bonne expérience. La 908 s'est montrée très compétitive. Il manquait un adversaire de la même envergure. Là, c'est le cas au Mans et je suis impatient de voir ce que ça va donner.»

S'il devait s'imposer à bord de la Peugeot numéro 7, Villeneuve deviendrait le premier pilote depuis Graham Hill, en 1972, à détenir la fameuse Triple Couronne : Championnat du monde de Formule 1, 500 milles d'Indianapolis et 24 heures du Mans.

«C'est une course mythique au même titre qu'Indianapolis, ajoute Villeneuve. Tout pilote veut gagner des courses de ce type. C'est une des raisons principales de ma participation au Mans.»

Lorsqu'elle a embauché Villeneuve et dévoilé sa voiture prototype, en janvier, Peugeot avait déjà dans ses calepins les résultats implacables de sa seule vraie rivale au Mans, l'Audi R10. L'an dernier, la voiture allemande, la seule du plateau à carburer au diesel, a semé ses poursuivantes de 3,2 secondes au tour, en plus de s'arrêter deux tours plus tard pour faire le plein. Une belle occasion pour le constructeur aux quatre anneaux de démontrer la supériorité des moteurs TDI dont il est l'inventeur.

Dans ses ateliers de Vélizy, en banlieue de Paris, Peugeot a concocté en secret un diesel V12 biturbo de 5,5 litres, très similaire à celui des Audi. Le moteur français développerait toutefois 735 chevaux, contre 650 pour l'allemand.

Reste le défi de la fiabilité. Le moteur Audi est incassable : il n'a même jamais failli en 78 courses ! La Peugeot 908, elle, n'a jamais parcouru de distance aussi longue que les 24 heures du Mans - environ 5000 kilomètres - sans connaître la grippe.

Problèmes électriques, de boîte de vitesse, panne de moteur : les voitures noires, blanches et rouges souffrent de leur jeunesse. Elles ont démarré leur développement avec trois semaines de retard, voici 18 mois, et ne l'ont jamais rattrapé.

Villeneuve lui-même est absent de la compétition depuis 10 mois et n'a que peu roulé au volant de la 908. «J'ai jeté un oeil au circuit, mais pas à fond», admettait-il dans une entrevue accordée en mai.

«Même si les séances n'ont pas été nombreuses, on garde des repères et des sensations, s'est-il défendu cette semaine. Il est vrai que si j'arrivais de formules plus petites, ce serait plus dur, mais après 10 ans de F1, l'entraînement reste et je continue à le travailler tous les jours.»

Le pilote québécois a réalisé le cinquième temps de la journée test tenue le 3 juin dernier, se classant en tête des recrues de cette 75e édition des 24 heures. C'est toutefois le Français Sébastien Bourdais, pilote-vedette de l'autre voiture Peugeot, qui s'est illustré en battant le record d'un circuit légèrement modifié (3 min 26s 707).

Celui qui convoite un volant de l'écurie Toro Rosso en Formule 1 l'an prochain se présente ici fort d'une troisième victoire consécutive en Champ Car, acquise à Portland dimanche.

L'action commence réellement ce soir à 19 h - heure de Paris, avec les premières quatre heures d'essais qualificatifs. Villeneuve guettera les signes de pluie, lui qui n'a disputé qu'un seul test nocturne et encore, sur le sec.

Le départ de la course sera donné samedi à 15h.