Dans sa quête inlassable pour faciliter les dépassements en Formule 1, la FIA a non seulement convaincu les écuries d'utiliser le Système de récupération de l'énergie cinétique, le SREC, elle a aussi introduit un dispositif d'ajustement hydraulique de l'aileron arrière, jugé encore plus avantageux que le F-Duct, interdit cette année.

Contrairement au système développé l'an dernier par McLaren, qui se servait de la pression de l'air pour «écraser» l'aileron arrière de façon à réduire l'appui et ainsi augmenter la vitesse en ligne droite, l'ajustement hydraulique de l'aileron permettra de réduire son angle de façon beaucoup plus prononcée. Si le gain en vitesse obtenue provenait de la puissance du moteur, on pourrait l'évaluer à quelques 60 chevaux supplémentaires.

Par contre, les pilotes pourront compter sur le dispositif dans des circonstances bien précises, contrôlées électroniquement par les commissaires de piste. Ainsi, il pourra être utilisé à volonté pendant les essais-libres et les qualifications, alors qu'en course, il sera possible de l'activer seulement quand une voiture s'approchera à moins d'une seconde d'une autre et ce, dans une section du circuit préalablement identifiée par la FIA - généralement une longue ligne droite. Au moment où les circonstances seront réunies, un voyant lumineux s'illuminera dans le cockpit du pilote, qui pourra alors abaisser son aileron à l'aide d'un bouton sur le volant.

L'adoption de l'aileron ajustable est de surcroît couplée à la disparition du double-diffuseur, qui créait beaucoup de turbulence à l'arrière des monoplaces, rendant la conduite très instable pour les proches poursuivants, ce qui devrait effectivement faciliter les dépassements.

À cela s'ajoute enfin le grand retour du SREC, qui doit donner pendant 7 secondes un surplus de puissance de l'ordre de 85 chevaux, un coup de pouce provenant du moteur/générateur électrique qui s'alimente de l'énergie cinétique stockée dans des batteries lors des freinages.

Un danger pour la sécurité?

L'utilisation simultanée du SREC et de l'aileron arrière ajustable donnera donc une poussée momentanée de près de 150 chevaux en ligne droite. C'est en quelque sorte la version F1 de l'«Overtake button» utilisé en IndyCar.

Par contre, l'utilisation d'un tel afflux de puissance pourrait comporter certains risques, selon l'ancien pilote et aujourd'hui commentateur à la BBC Martin Brundle. «Si un pilote s'approche de vous dans l'aspiration et qu'il abaisse soudainement son aileron tout en activant son SREC, il y a risque de collision dans le pire endroit du circuit, à la fin de la longue ligne droite, s'est inquiété Brundle dans une entrevue au site grandprix.com. Ce n'est pas facile de juger à quelle vitesse la voiture derrière toi arrive quand tu files à 200 milles à l'heure et que tu dois regarder dans ses rétroviseurs.» Brundle a ainsi proposé qu'un voyant lumineux s'active à l'avant des monoplaces quand l'aileron est abaissé ou que le SREC est utilisé, autant pour la sécurité des pilotes que pour aider à la compréhension du public. On verra bien vite si les appréhensions de Martin Brundle se vérifieront...

Les pilotes devront quant à eux apprendre à jongler avec ces nouveaux boutons, eux qui doivent déjà composer avec une panoplie de commandes sur et autour de leur minuscule volant...

Source: racecar-engineering.com, grandprix.com