Après bien des faux départs, tout est en place pour la tenue du Grand Prix du Canada à Montréal le 13 juin prochain. Les trois ordres de gouvernement se sont entendus avec Formula One Management, la société de Bernie Ecclestone, pour la tenue de cette compétition internationale pour les cinq prochaines années.

Aussi, a-t-on indiqué hier soir à La Presse, le comité exécutif de la Ville de Montréal, qui se réunira mercredi, aura tout en main pour donner le feu vert définitif à l'entente. À Québec, le secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes (SAIC) aura l'entente le même jour, «et cela devrait être une formalité», a-t-on confié hier au SAIC.

Québec, Ottawa, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal accordent au total 75 millions sur cinq ans pour la tenue du Grand Prix.

Ottawa versera 5 millions par année, Québec 4 millions, et la Ville de Montréal fournira l'autre million, par l'intermédiaire de la Société du parc Jean-Drapeau, où se trouve le circuit Gilles-Villeneuve.

Les cinq autres millions proviendront de Tourisme Montréal par l'entremise d'une contribution des hôteliers de la ville qui ont accepté une taxe spéciale sur les nuitées afin de contribuer au retour de la manifestation.

Depuis le début, Québec et Ottawa insistent sur les redevances attendues de la manifestation. Finalement, les gouvernements obtiendront 30% de la billetterie - leur contribution totalisant 10 millions coûtera en fait 7 millions de fonds publics.

Les élus ne manqueront pas de souligner tout le chemin parcouru depuis l'automne 2008, quand Bernie Ecclestone réclamait pas moins de 175 millions, sur cinq ans, pour tenir le Grand Prix à Montréal. Le refus des gouvernements a scellé le sort de la compétition, qui n'a pas eu lieu en juin dernier.

Après l'approbation de l'administration Tremblay, mercredi, rien n'empêchera plus une annonce, probablement vers la fin de la semaine, a-t-on prédit.

Dans les coulisses de la négociation, on avoue avoir l'impression de terminer un marathon. «Il y avait toujours quelque chose», a-t-on résumé. D'abord, Revenu Canada ne voulait pas fournir à Ecclestone la garantie qu'il ne paierait pas d'impôts au Canada - un refus qui a refroidi longtemps le promoteur britannique.

L'entente prévoit, depuis plus d'un mois, un mécanisme selon lequel la Société du parc Jean-Drapeau palliera les exigences du ministère fédéral dans le dossier Ecclestone. Le Ministère réclamait des retenues à la source sur les transferts gouvernementaux avant la tenue du Grand Prix, des sommes qui lui auraient été remboursées une fois qu'il aurait payé ses impôts en Grande-Bretagne. C'est la Société du parc Jean-Drapeau qui se chargera de ces transferts et de ces remboursements à coût nul.

Une course à obstacles

Après une cascade d'ultimatums de la part de Bernie Ecclestone, le retour du Grand Prix devait être annoncé durant la campagne électorale municipale, au moment précis où Benoit Labonté y est allé d'entrevues percutantes sur l'intégrité des partis politiques municipaux. Incidemment, l'un des acteurs importants de l'annonce, le responsable de la Société du parc Jean-Drapeau, Christian Ouellet, a été directeur général de Vision Montréal. Il y avait un risque important de dérapage en conférence de presse.

On se rapprochait déjà passablement des élections du 1er novembre quand les défections d'écuries dans l'épreuve de la F1 s'accumulaient. Au cours du dernier mois, Toyota, Honda et BMW ont annoncé qu'ils ne se trouveraient plus sur la ligne de départ.

L'engagement d'Ecclestone de tenir à Montréal «une manifestation d'envergure internationale» a dû être scruté à la loupe. Québec, Ottawa et Montréal ne voulaient pas devenir les dindons de la farce, avec une course au rabais, aux retombées bien moins lucratives. «On ne voulait pas d'un gros NASCAR, ou d'une course Ferrari contre Ferrari», a-t-on résumé hier.

De plus, la longue liste de partenaires dans le financement et l'organisation du Grand Prix suppose un nombre étonnant de textes juridiques complexes, définissant les obligations et les droits de chaque gouvernement et société.

Le promoteur du Grand Prix sera Octane, qui sera dirigée par François Dumontier, bras droit de Normand Legault pendant des années.