Si Villeneuve espère avoir prouvé qu'il est de calibre, il espère aussi avoir attiré l'attention de potentiels commanditaires, notamment du Québec et du Canada. Car, pour l'instant, Jacques Villeneuve paye de sa poche son aventure en NASCAR, ou presque.

Si Villeneuve espère avoir prouvé qu'il est de calibre, il espère aussi avoir attiré l'attention de potentiels commanditaires, notamment du Québec et du Canada. Car, pour l'instant, Jacques Villeneuve paye de sa poche son aventure en NASCAR, ou presque.

Mais ça ne pourra pas durer ainsi éternellement. Il a besoin d'un commanditaire titre. Soit, ça a permis à l'UNICEF de s'afficher sur la Camry et la Tundra de Villeneuve à Talladega, un beau geste. Mais, il faudra tôt ou tard qu'une entreprise de renom vienne afficher son nom et son logo sur la bagnole de Villeneuve.

Le clan Villeneuve a naturellement tourné son regard vers le Québec et le Canada quand est venu le temps de dénicher un partenaire commercial. Après tout, s'afficher sur la voiture de Villeneuve et ainsi profiter des retombées du deuxième plus important sport en importance aux États-Unis peut certainement sembler alléchant.

Mais les entreprises d'ici hésitent à faire de Villeneuve leur porte-étendard. «On a ciblé une entreprise québécoise qui serait le parfait partenaire pour Villeneuve, mais ces gens ne nous ont même pas rappelés», a expliqué James McArdle, d'Advantage Marketing Group, mandaté par Villeneuve et son agent Craig Pollock pour travailler sur le dossier de la commandite. «Pourtant, selon nos calculs, le retour sur investissement envisagé pour cette entreprise en particulier est de l'ordre de 1000% sur cinq ans. Un investissement total de 15,1 millions pourrait leur rapporter à terme 1,015 milliard.»

M. McArdle n'a pas abandonné ce dossier précis même si le temps file. «Je sais que cette entreprise ne croit pas vraiment au potentiel des commandites, a-t-il dit. Mais elle croit au profit, c'est pourquoi elle ne cesse d'accroître son marché aux États-Unis. Quand elle va voir ce qu'on a à leur proposer, elle va peut-être changer d'avis. Il n'est pas trop tard.»

Quand on y pense, les voitures de NASCAR sont des panneaux-réclame ambulants et pas moyen de zapper pour y échapper. À preuve, M. McArdle a évalué à cinq millions de dollars la valeur du temps d'antenne de la voiture de Villeneuve pendant la seule course de série Nextel de dimanche. Pas mal.

Bon, ça peut évidemment avoir l'air d'un argument de vente. Mais M. McArdle appuie ses dires sur une étude de mise en marché effectuée pour lui par Intel, un partenaire de longue date du clan Villeneuve. «Les gens d'Intel ne sont pas en mesure de commanditer Jacques en NASCAR en raison de leur implication actuelle en Formule 1, a expliqué M. McArdle. Mais on leur a néanmoins demandé de traiter notre demande. Nous avons donc rempli le questionnaire maison mis sur pied par la multinationale informatique, un processus exhaustif qui a pris près de six heures à compléter. Les résultats ont été pour le moins incroyables. Pour chaque dollar investi avec Jacques en NASCAR, un éventuel commanditaire titre pourrait en empocher 22.»

Intel soutient qu'un ratio de huit pour un est exceptionnel. Mais, ces chiffres, aucune entreprise québécoise n'a été en mesure de les étudier. M. McArdle n'a jamais été reçu pour les présenter.

L'image de Jacques Villeneuve a-t-elle été à ce point entachée par ses dernières années en Formule 1? Il faut croire que oui. «Jacques a toujours véhiculé l'image du gars distant et difficile d'approche, a dit M. McArdle. Mais il a toujours été extrêmement coopératif avec tous ceux qu'il a représentés. Il n'a jamais brisé un contrat de sa vie. Et il a toujours été franc et honnête. Quand il sort de sa bagnole tout sourire après avoir sué comme un cochon pendant 500 milles, il est sincère.»

Est-ce que le fait que Patrick Carpentier tente lui aussi de se trouver un volant en NASCAR pourrait nuire à l'entreprise du clan Villeneuve? «Je n'ai absolument rien contre Patrick, mais l'image de marque de Jacques est plus globale que celle de Carpentier, a soutenu M. McArdle. Après tout, Jacques est un champion du monde, son palmarès est pas mal plus garni que celui de Carpentier.»

Cela dit, si les entreprises canadiennes continuent de lever le nez sur Villeneuve, il y a sûrement d'autres entreprises qui vont vouloir sauter sur l'occasion. «Des firmes américaines ou japonaises pourraient certainement être tentées par l'aventure, a soutenu M. McArdle. Mais on aimerait vraiment trouver un partenaire canadien. Jacques est Canadien, il vit à Montréal, il veut élever sa famille à Montréal. Il pourrait être un excellent ambassadeur pour une entreprise canadienne. Tout ce qu'on veut, c'est avoir une heure avec l'une d'elles pour pouvoir leur présenter notre dossier.»