C'est l'hiver le plus chaud de l'histoire des relevés météo. La station de Villars-sur-Ollon, dans les Alpes suisses, niche dans un écrin de verdure à l'heure où elle devrait crouler sous la neige.

C'est l'hiver le plus chaud de l'histoire des relevés météo. La station de Villars-sur-Ollon, dans les Alpes suisses, niche dans un écrin de verdure à l'heure où elle devrait crouler sous la neige.

Pour les organisateurs de «Formula Charity», la compétition de ski de 24 heures initiée il y a près de 10 ans par Jacques Villeneuve, ce manque de blanc pose un sérieux problème. Ils durent ainsi limiter l'épreuve à trois séries de quatre heures, le temps de rafistoler la neige entre chaque manche.

Sa vie, ses projets

Qu'importe. L'ambiance reste bon enfant. Jacques Villeneuve, en tout cas, est là pour s'amuser et ne semble pas se soucier de la poudreuse.

Débarqué en ski-doo de son chalet de Bretaye, niché là-haut sur les pistes, le Québécois a débuté sa journée d'hier en faisant plaisir à une marque automobile, l'un des commanditaire des 24 heures: il s'agissait d'emmener des passagers faire des tours de glisse sur un petit circuit tracé dans un parking.

Une corvée qui l'aurait sans doute ennuyé dans d'autres circonstances, mais qui, hier, l'amusait beaucoup.

«C'est vraiment sympa», lâcha-t-il après une sortie de route qui mit un terme à ses glissades.

Il y avait longtemps qu'on ne lui avait plus vu un tel sourire. Et Jacques se laisse alors prendre en photo - c'est inhabituel - pour illustrer cette page, avant de prendre un verre à «L'Alchimiste», un petit bar tout proche, pour une conversation de près de deux heures - et ça, c'est du jamais vu !

Le temps de faire le point sur son état d'esprit, sa vie et ses projets.

Des projets, il n'en manque pas. Même si l'arrivée de son petit Jules, voilà près de deux mois, a complètement changé sa philosophie, elle n'a pas entamé son envie de piloter.

Pour l'instant, il n'a signé qu'un seul contrat pour la saison 2007, avec Peugeot, pour les 24 Heures du Mans.

Mais sa saison ne se limitera pas au seul week-end du 17 juin

«Nous travaillons sur plusieurs projets en NASCAR avec Craig (Pollock, son gérant, ndlr). L'année 2007 sera une année de préparation, une sorte d'entraînement pour la saison 2008. Je ne veux rien bâcler. Je veux que tout se fasse dans de bonnes conditions. Surtout, il faut que je sois heureux de courir. Il n'y a rien de pire que de devoir piloter à contre-coeur. En plus, pour l'instant, mon enfant reste ma priorité. Je ne voulais pas signer quelque chose dans l'urgence.»

Jacques pense disputer quelques courses en 2007, par exemple en série Busch, avant de jouer la coupe Nextel en 2008.

«Il y a plusieurs possibilités, ajoute-t-il: soit je signe pour une équipe existante, soit nous créons une écurie satellite, soit nous fondons un "Team Villeneuve" en partant de zéro. Avant tout, je ne veux pas me laisser manger par un patron. Je veux garder la maîtrise de ma destinée.»

À point nommé

En fait, son contrat avec Peugeot tombe à pic cette année. «Oui, c'était parfait, parce que je ne vais disputer que quelques courses en NASCAR cette année. L'an prochain, avec les 36 courses du championnat, je n'aurai probablement plus le temps de courir au Mans. C'est pour cela que je veux gagner tout de suite les 24 Heures. Peugeot y vise la victoire en 2008, mais pour moi, c'est 2007!»

Selon Jacques Villeneuve, ses projets en NASCAR sont très concrets.

«Il n'y a rien de vague dans nos projets. Avec Craig, nous savons exactement où nous allons. Il n'y a plus qu'à finaliser.»

Une finalisation qui va encore prendre quelques semaines. Ce sera trop tard pour la première course du championnat, le 17 février.

Mais pour l'épreuve agendée sur le circuit Gilles-Villeneuve de Montréal, le 4 août, tout devrait être signé. «Il y a de grandes chances pour que je dispute la manche de Montréal», précise Villeneuve avec un large sourire et un regard appuyé. «Le NASCAR, c'est le genre de courses qui me fait vraiment envie. C'est complètement différent de la F1, mais franchement, les courses en ovale me manquaient.»

Le NASCAR, c'est un monde fermé. Il ne s'agit pas de l'aborder en jouant les gros bras.

«Surtout pas, admet-il. Je sais que là-bas, je vais rentrer dans une meute de loups, qu'ils ont poussé Juan Pablo (Montoya) dans le mur, et qu'ils feront pareil avec moi jusqu'à ce que j'appartienne à leur groupe.

«Mais je crois que je suis assez sociable. Je nevais pas me montrer prétentieux, j'ai beaucoup à apprendre. Je n'ai pas peur. Car contrairement à ce que certains croient, j'ai toujours calculé les risques dans ma vie.»

Le bonheur avec Johanna et Jules, des projets en NASCAR, une course au Mans, un album prêt à sortir: Jacques Villeneuve est un homme comblé. «Je suis vraiment content d'en être à ce stade de ma vie, conclut-il. J'ai une famille, un bel enfant, je ne suis plus en F1, et j'ai plein de projets. Tout est vraiment positif.»

Et il paraît que rien ne peut arrêter un homme heureux...