La pression monte à Indianapolis à quelques heures du départ des fameux 500 Milles d'Indianapolis. Ils seront 33 sur la grille de départ et le Québécois Alexandre Tagliani s'élancera tout à l'arrière du peloton.

Qu'importe, le pilote de 36 ans réalise l'un de ses rêves ces jours-ci. «Tous les pilotes rêvent de courir ici, estime-t-il. Ça fait près de 10 ans que je pilote des monoplaces dans les meilleures séries nord-américaines, mais je n'avais encore jamais eu la chance de participer aux Indy 500.

 

«En 2000, quand je suis arrivé en CART, il y avait eu une division avec la série Indy et nous ne courrions pas à Indianapolis. Je ne réalisais pas ce que je manquais...»

C'est grâce à l'appui d'Éric Bachelart, le patron de l'équipe Conquest Racing, que Tagliani peut prendre part à la course. Évincé de la grille de départ le dernier jour des qualifications par son coéquipier Bruno Junqueira, Tagliani a pris la place de ce dernier, comme les règlements le permettent, en raison du programme marketing de l'équipe.

«Nous avons bâti notre stratégie de commandites et de marketing autour d'Alex, a expliqué Bachelart. Cela n'aurait pas été approprié de l'écarter de la course au profit de Bruno.»

»Comme une famille»

Tagliani ne tarit d'ailleurs pas d'éloges envers son équipe. «C'est comme une famille, prétend-il. Je n'ai jamais été aussi bien entouré. Depuis que j'ai rejoint Conquest pour une course, la saison dernière en Australie, nous avons développé une belle relation.

«Ici, ce n'est pas juste le pilote qui amène le «cash». Tout le monde travaille d'arrache-pied pour trouver des commanditaires et nous avons obtenu des résultats très encourageants.»

Tagliani et Bachelart espèrent profiter de la visibilité des 500 Milles pour attirer d'autres commanditaires et participer à un plus grand nombre d'épreuves de la série IRL.

«Après Indy, nous irons à Milwaukee la semaine prochaine, note Tagliani. C'est un petit ovale où les voitures roulent en configuration circuit routier, avec de gros ailerons. Notre voiture y avait bien fait l'an dernier et on pense que nous serons encore performants cette année.

«Ensuite, on fera certainement les courses sur circuits routiers et les épreuves canadiennes. Le reste est incertain.» Les organisateurs du Rexall Edmonton Indy sont d'ailleurs l'un des principaux commanditaires de la voiture de Tagliani.

«Avec Éric, on essaie de planifier un programme sur plusieurs années. Ces gens-là ont confiance en moi et je vais tout faire pour les aider à progresser.»

Équilibre et patience

En s'élançant de la dernière place aujourd'hui, Tagliani est assuré de connaître un départ mouvementé.

«On peut faire toutes sortes de prédictions, discuter pendant 10 jours sur les risques et les stratégies du départ, ça ne change rien au problème, souligne le pilote. L'important sera simplement de passer au travers, de garder la voiture intacte et d'être patient en remontant lentement.

«On verra ensuite comment les cartes vont retomber et on essaiera d'adopter la meilleure stratégie pour conserver un bon équilibre de la voiture pendant toute la durée des segments de course entre les ravitaillements.»

L'équilibre est en effet le maître mot cette année en IRL. Toutes les équipes, même les meilleures, ont de la difficulté à préserver un bon comportement des voitures sur l'ensemble des épreuves.

«Il y a de nouveaux pneus et ils s'usent rapidement, explique Tagliani. Tu peux avoir la meilleure voiture au début d'une «run», mais perdre toute adhérence au bout de quelques tours. Pour gagner, il faut trouver le bon compromis et c'est d'autant plus difficile que ça change chaque fois qu'on ravitaille.»

À moins d'une grosse surprise, ces 500 Milles d'Indianapolis couronneront un pilote de métier. Avec son expérience, son sens de la course et sa motivation retrouvée, Alex Tagliani sera de toute évidence le meilleur atout de son équipe.