Après une édition 2009 mi-figue mi-raison, le Dakar-2010, de retour en Amérique latine, a été à la hauteur de l'attente des concurrents: incroyable engouement populaire, grande diversité des paysages, meilleure organisation, pour un suspense étouffant en autos.

L'accueil: Ceux qui croyaient que l'enthousiasme de 2009 ne se retrouverait pas en 2010 avaient tort. Le Dakar cette année a attiré encore plus de monde que l'an passé. Témoin ce million de spectateurs recensés par les autorités, dont 300.000 à Buenos Aires lors de la 1ère étape. «Les gens ont bloqué l'autoroute. C'était incroyable», se souvient un accompagnant.

Le reste de la course s'est déroulé à l'unisson: regroupements massifs aux arrivées d'étapes, en cours de spéciale, même en plein désert, quel que soit l'heure, disponibilité maximale et sourire constant. Argentins et Chiliens sont fans de sport mécanique. Ils l'ont encore un fois démontré.

Les paysages: La 31e édition du Dakar a permis de montrer certains des paysages les plus spectaculaires du cône sud-américain. Dunes de sable blanc, jaune, gris, marron, horizons arides du désert de l'Atacama, vue exceptionnelle sur le Pacifique lors de l'arrivée à Iquique (Chili)... Certains amateurs, moins soumis aux contraintes de temps, en ont profité pour prendre des photos. Les professionnels ont aussi apprécié. Une réussite de l'avis général.

La sécurité: Amaury sport organisation (ASO) avait mis le paquet pour la sécurité des pilotes et des spectateurs. Outre une gestion quasi-militaire des secours, pléthoriques dans les spéciales, tels ces huit hélicoptères mobilisables, ASO a tout fait pour éviter des accidents impliquant la foule. Des +zones public+ sécurisées ont été installées tout au long du parcours, pour que le public puisse admirer les équipages sans risque.

Une spectatrice de 28 ans, qui se trouvait dans un espace non autorisé, a pourtant été tuée dès la première étape par une voiture sortie trop large. Le pire a également été redouté pour Luca Manca, dans un état critique après un très grave accident lors de la 6e étape. Mais l'Italien est à présent hors de danger.

Le parcours: La grande déception de l'édition 2009, avec une première semaine ne présentant pas grand intérêt, selon de nombreux concurrents. Les organisateurs ont retenu la leçon. Plus difficile, plus de sable, plus chilien aussi, le Dakar-2010 a été apprécié. «C'est un Dakar qui a été bien dosé, pas trop dur, mais quand même avec des belles étapes, différentes, variées, et super intéressantes», a évalué Stéphane Peterhansel (BMW).

La course autos: Exceptionnelle. Carlos Sainz a remporté le rallye-raid avec 2 min 12 d'avance sur son partenaire Nasser Al-Attiyah, l'écart le plus faible enregistré dans toute l'histoire du Dakar. Les deux pilotes Volkswagen, connus pour leur fougue, ont appris à se dominer, tout en attaquant. Résultat: le vainqueur n'a été connu que dans les dernier kilomètres.

Une réussite pour Volkswagen, qui avait fait le choix de ne pas donner de consignes de course. Le constructeur allemand réalise même un triplé, Mark Miller s'octroyant la troisième place au général. Dommage pour Stéphane Peterhansel et BMW, qui se seraient mêlés à la bataille pour la gagne sans un incident mécanique lors de la 5e étape.

La course motos: Fade, à l'inverse du spectacle proposé en autos. La lutte annoncée entre les grosses (KTM de 690 cc) et les petites cylindrées (Yamaha, BMW ou Aprilia, de 450 cc) a tourné à l'avantage des premières. KTM a gagné le Dakar pour la neuvième année consécutive grâce à Cyril Despres, qui signe son troisième succès dans l'épreuve.

Le Français a d'autant mieux maîtrisé sa course qu'il a été rapidement débarrassé de David Casteu (Sherco), victime d'une chute, et surtout de Marc Coma (KTM). L'Espagnol, son principal rival, a écopé de 6h22 de pénalité pour deux infractions. L'intérêt de la course motos s'en est trouvé amoindri. Despres a terminé à plus d'une heure de tous ses concurrents.

La polémique: Contrairement à l'édition-2009, où la mort du motard Pascal Terry, et surtout les conditions dans lesquelles elle s'était produite, avaient fait couler beaucoup d'entre, le Dakar-2010 a été pauvre en polémiques. La police argentine a exonéré de toute responsabilité le pilote et le copilote impliqués dans l'accident mortel du premier jour.

L'avenir: L'avenir du Dakar reste très flou. Le retour sur les pistes africaines historiques (Maroc, Mauritanie, Mali, Sénégal) n'est pas d'actualité, pour cause de menaces terroristes persistantes. Le directeur de l'épreuve, Etienne Lavigne, évalue à 50% les chances du maintien de la course en Amérique latine. Les 50% restant enverraient le Dakar en Afrique de l'Est (Tunisie, Libye, Egypte), où l'épreuve s'est déjà déroulée en 2003. Mais aucune décision n'a encore été prise, affirme l'organisation.