(New York) S’ils estiment avoir agi au mieux, en suspendant Kyrie Irving, qui a fini par s’excuser d’avoir fait la promotion d’un film antisémite, les Nets assurent ne pas avoir songé à se séparer de lui, attendant de sa part plus que des regrets formulés.

« Non. Pas à ce moment-là », a répondu vendredi le directeur général Sean Marks, à un journaliste lui demandant si le club avait envisagé de rompre le contrat le liant au joueur, à la suite de son dérapage et de son refus persistant, une semaine durant, de présenter des excuses.

« Je pense que c’était le meilleur plan d’action. En l’état, il est juste suspendu », a insisté le dirigeant de Brooklyn, qui a fait le voyage à Washington avec l’équipe, pour le match contre les Wizards.

Une rencontre où Irving ne jouera pas, puisque la sanction infligée par les Nets vaut pour cinq matchs.

Marks a dit que les excuses du champion NBA 2016 (avec Cleveland), exprimées quelques heures à peine après l’annonce de sa suspension, étaient « une bonne première étape », mais qu’il restait du chemin à faire.

Je pense qu’après une telle affaire, on espère toujours du changement, notamment dans l’attitude. Les actions sont plus éloquentes que les mots. Et donc il aura du temps pour réfléchir à tout ça. [Il doit] rencontre[r] des leaders de la communauté juive de Brooklyn afin de s’éduquer sur les questions liées à l’antisémitisme.

Sean Marks, directeur général des Nets de Brooklyn

« Il va devoir discuter avec eux. Puis nous évaluerons la situation au sein du club et nous verrons si c’est le bon moment pour le faire revenir », a conclu Sean Marks, laissant entendre que Irving pourrait donc être écarté plus que le temps de cinq matchs.

Durant guère inspiré

D’autant que si la NBA s’est montrée bien trop passive, se contentant de blâmer le joueur jeudi, son patron Adam Silver a dit vouloir le rencontrer en personne la semaine prochaine.

Réclamée par de nombreuses voix, qui ont critiqué la ligue pour ne pas avoir sévi jusque-là, une sanction supplémentaire pourrait donc frapper Irving.

Jeudi dernier, le joueur de 30 ans avait diffusé sur ses réseaux sociaux une affiche du film Hebrews to Negroes : Wake Up Black America, avec un lien vers le site d’Amazon pour le louer ou l’acheter. Réalisé en 2018 par Ronald Dalton Jr, ce documentaire est adapté d’un livre éponyme datant de 2015 dans lequel il est écrit que « de nombreux juifs célèbres de haut rang » ont « admis » avoir « adoré Satan ou Lucifer ».

« À toutes les familles et communautés juives qui ont été blessées et affectées par mon message, je suis profondément désolé et je vous présente mes excuses », a fini par déclarer Irving, longtemps dans le refus, arguant qu’il était furieux de se voir accoler « l’étiquette d’antisémite ».

Questionné vendredi sur la suspension de son coéquipier, Kevin Durant, l’autre joueur vedette de l’équipe, a répondu qu’il faisait « confiance au club pour faire ce qui est juste », tout en disant « ne pas avoir aimé ce qui s’est passé », sans préciser quoi exactement.

« J’ai l’impression que tout cela n’était pas nécessaire, que nous aurions pu continuer à jouer au basket et que l’équipe aurait pu rester tranquille », a-t-il ajouté.

Une clarification de ses propos s’imposait et Durant l’a fait en tweetant : « je ne tolère pas les discours de haine ni l’antisémitisme ».