Le retour du Baseball majeur à Montréal n'est peut-être pas pour demain, mais les partisans montréalais ont fait écarquiller les yeux de ses dirigeants en se présentant en grand nombre aux deux matchs préparatoires des Blue Jays de Toronto en mars dernier. Ils auront de nouveau la chance de démontrer leur appui en avril prochain.

Après les Mets de New York, ce sont les Reds de Cincinnati qui rendront visite aux Jays pour deux matchs du calendrier préparatoire, présentés au Stade olympique, les 3 et 4 avril. Les billets seront d'ailleurs en vente dès ce samedi. Au printemps, 96 350 spectateurs avaient assisté à ces deux rencontres, un chiffre qui n'est pas passé inaperçu aux yeux des dirigeants du Baseball majeur.

«Je ne peux pas vous dire à quel point nous sommes excités d'être de retour, a affirmé le président des Blue Jays, Paul Beeston. Je ne crois pas que nous aurions pu prévoir pareil engouement. Je l'ai dit: si nous avions eu 20, 25 000 spectateurs par match l'an dernier, j'aurais trouvé que ça aurait été un franc succès. Mais il y avait une ambiance dans le stade qui était indescriptible.

«Je l'ai dit au commissaire: «Il fallait être là, Bud (Selig). Fallait le voir, fallait le vivre.» Ça n'avait peut-être pas la saveur d'un match de Série mondiale, mais assurément celle d'un match de séries.»

Les Jays et evenko, organisateur de l'événement en compagnie de Rogers, propriétaire de l'équipe torontoise, n'ont pas hésité une seconde à remettre cela dès avril prochain.

«De la façon dont les partisans de Montréal ont répondu à l'appel, c'était une décision facile à prendre pour nous que de revenir encore l'an prochain, a noté Beeston. (...) Si c'est bon pour le baseball au Canada, c'est bon pour les Blue Jays de Toronto. Quand je vois le stade rempli de gens qui veulent voir deux matchs préparatoires, aucun doute que c'est bon pour nous.»

«J'aimerais faire ça à chaque année jusqu'à ce qu'on vienne jouer deux vrais matchs contre un club de Montréal», a pour sa part indiqué le directeur général, Alex Anthopoulos, un souhait partagé par Beeston.

«Plusieurs joueurs disent maintenant: «On doit retourner à Montréal. Je ne sais pas pourquoi on a quitté cet endroit.» Laissez-moi vous dire tout de suite que le fait d'avoir près de 100 000 personnes pour deux matchs préparatoires n'est pas passé inaperçu aux yeux du Baseball majeur, a insisté le président. (...) Et les meilleurs ambassadeurs (pour Montréal) ne sont pas seulement ces 100 000 personnes, mais les 60 joueurs et entraîneurs qui n'ont cessé de dire à quel point ce week-end à Montréal a été extraordinaire. Tout le monde est ressorti gagnant de cette expérience. Faisons-le encore et travaillons tous à ramener un club des Majeures à Montréal.»

D'ailleurs, des gens d'affaires de Montréal auraient rencontré les dirigeants des Rays de Tampa Bay récemment afin de sonder son intérêt à déménager son club au nord de la frontière. Stuart Sternberg, le propriétaire des Rays, leur aurait toutefois répondu que pour l'instant, il se consacre à trouver une solution gagnante en Floride. Quoi qu'il en soit, Beeston estime que l'attitude envers Montréal a changé à la suite des deux rencontres de mars dernier.

«Oui, sans aucun doute. Aussitôt que nous avons joué ces matchs, on a reçu plusieurs appels. Les gens nous demandaient si ces billets avaient réellement été vendus, si toutes ces personnes étaient vraiment là. Je leur répondais d'aller sur YouTube et de ne pas s'inquiéter, qu'ils y étaient tous. J'ai aussi dit que c'était un public qui connaissait bien son baseball. Je ne pense pas que ça soit passé inaperçu auprès de qui que ce soit.

«Vous savez, le baseball est retourné dans des marchés qu'il avait quitté avant: Milwaukee, Seattle, Washington, Texas. Le baseball est retourné dans ces marchés. Oui, le défi est encore grand et il manque des détails comme un stade et une équipe, mais les gens ont remarqué l'intérêt.»

Le maire de Montréal, Denis Coderre, prévient toutefois que les partisans montréalais doivent de nouveau montrer leur appui au projet.

«Il faut envoyer un message au Baseball majeur. Il faut leur montrer de quel bois on se chauffe, a-t-il imagé. Les gens d'affaires doivent faire leur travail, mais la population doit de nouveau montrer son intérêt et son désir de ravoir le baseball. (...) On doit prouver au reste du monde qu'on est là pour vrai et qu'on croit au baseball. De mon côté, chaque fois que j'en aurai l'opportunité, je le ferai.»

Rob Manfred en ville?

Alors que le Bureau du commissaire avait mandaté John McHale fils pour lui servir d'émissaire en mars, le nouveau commissaire, Rob Manfred, pourrait faire le voyage en avril.

«Je crois bien qu'on devrait l'inviter, et vous savez quoi? Si je l'invite, je suis persuadé qu'il viendra. Montréal est tout près de New York.»

Il croit même que ce changement de garde au sein de la haute direction du Baseball majeur pourrait aider la cause montréalaise.

«Il doit le voir. Il vient juste d'être élu, laissons-lui le temps. Son attention n'est probablement pas tournée vers Montréal présentement, mais il a très bonne mémoire: il sait ce qui s'est passé ici et je vais me charger de lui rappeler le plus souvent possible.»