Audrey Lacroix avait besoin d'aide. La spécialiste du style papillon venait d'afficher de piètres résultats au printemps et elle était à bout de nerfs émotivement, alors que la pression augmentait au sein de l'équipe canadienne de natation à l'approche des Jeux olympiques de 2012 à Londres.

Tout semblait bien aller de l'extérieur, mais Lacroix ne pouvait comprendre pourquoi elle était aussi loin de ses standards habituels.

«Je nageais un peu contre moi-même, a noté l'athlète de Pont-Rouge, qui devenait si nerveuse les journées de course qu'elle ne pouvait rien manger. J'étais ma pire ennemie. C'était difficile à vivre dans les pires moments.»

Lacroix a fini par consulter un médecin alors que sa place aux JO était menacée. Elle a reçu un diagnostic de trouble de l'anxiété. Celui-ci avait un impact important dans sa vie, tant dans la piscine qu'en dehors.

«C'était difficile d'admettre au début que quelque chose n'allait pas, a-t-elle affirmé. Au début, je nageais mal et j'essayais de minimiser la situation, sans demander de l'aide. J'ai attendu un peu avant de chercher le soutien des gens autour de moi. Quand j'ai décidé qu'il fallait tout faire pour aller mieux, toutes les pièces du casse-tête ont commencé à s'assembler.»

Lacroix a éventuellement été retenue au sein de l'équipe olympique et, avec l'aide de coéquipiers, des entraîneurs et des membres du personnel médical, elle a pris le 12e rang au 200 mètres papillon à Londres.

«Le but, c'était juste de nager, d'avoir du plaisir et de vivre le moment présent, a indiqué l'athlète de 30 ans. Des petits pas m'ont permis d'être dans l'équipe olympique. Une fois que je me suis retrouvée dans l'équipe, c'est devenu plus facile parce que j'ai recommencé à croire en moi.»

Lacroix se sent beaucoup mieux maintenant que lors des jours difficiles, qui remontent à deux ans. Elle disputera les épreuves du 100 m et 200 m papillon aux Jeux du Commonwealth de Glasgow, qui seront ses troisièmes et derniers. Elle avait remporté la médaille d'argent au 200 m papillon aux Jeux du Commonwealth de 2010, en Inde.

Parmi les mesures qu'elle a prises pour s'enlever un peu de pression, Lacroix a notamment demandé à l'entraîneur Benoit Lebrun et à ses coéquipières de l'appeler Penny au lieu d'Audrey.

«Il y avait toujours beaucoup d'attentes à l'endroit d'Audrey, a noté Lebrun, en expliquant que le prénom de la nageuse avait tendance à ramener des souvenirs de performances décevantes du passé. C'était une étape importante pour elle parce que ça lui a permis de mieux voir à quel point elle commençait une nouvelle vie.

«Maintenant, j'ai recommencé à l'appeler Audrey, mais d'autres dans son entourage continuent de l'appeler Penny.»

Selon l'entraîneur, il était important que Lacroix trouve une solution à ses problèmes non seulement pour ses résultats sportifs, mais aussi pour sa vie en dehors du sport.

«Quand le sport est fini, les athlètes continunent d'avoir une vie, a souligné Lebrun. C'était mon objectif pour elle.»

Lacroix est une nageuse plus forte maintenant qu'il y a 10 ans et elle pourrait aspirer à un podium dans ses deux distances à Glasgow, y compris lors du 200 m papillon de jeudi.

Elle est encore suivie par les médecins de l'équipe, mais elle est maintenant capable de contrôler son anxiété en utilisant certaines méthodes, telles que la méditation.

«Quand tu dois composer avec une situation vraiment difficile comme ça, tu dois te consacrer à 100 pour cent à le résoudre. Chaque détail est important, a affirmé Lacroix. Maintenant, je ne néglige pas les petits détails parce que je sais à quel point ça peut faire une différence dans ma performance.

«Il y a encore des journées un peu plus difficiles, mais je suis maintenant bien équipée pour composer avec ça.»