Quinze anciennes nageuses synchronisées espagnoles ont dénoncé dans une lettre publiée mardi les mauvais traitements dont elles disent avoir fait l'objet de la part de leur ex-responsable Anna Tarres, non reconduite à son poste début septembre.

Dans leur lettre ouverte publiée par plusieurs journaux espagnols, 15 anciennes nageuses, ayant toutes évolué à un moment de leur carrière sous le contrôle d'Anna Tarres, révèlent les méthodes de celle qui régna sans partage sur l'équipe d'Espagne durant 15 ans.

«Nous avons décidé de nous réunir (...) pour faire surgir toutes les choses qui jusqu'ici sont restées enfouies sous les médailles obtenues», expliquent-elles dans cette lettre, intitulée «Quand un mal peut être évité, ce serait une bêtise de l'accepter» et publiée le jour de la présentation de la nouvelle équipe d'entraîneurs choisie par la Fédération espagnole de natation.

Fernando Carpena, président de cette fédération, a expliqué mardi qu'il n'avait pas connaissance des faits et que ceux-ci remontaient avant son mandat (commencé en 2008 et reconduit en 2012).

«Je n'ai pas connaisance des faits. Ils remontent à avant mon mandat (...) La fédération remercie les services d'Anna au poste d'ancienne sélectionneuse. La décision de ne pas le reconduire a été strictement sportive», a expliqué Carpena à l'occasion de la présentation de la nouvelle équipe dirigeante à Barcelone.

Interrogé sur une éventuelle enquête, Carpena a précisé que la fédération ne restait «pas en marge de cette affaire» et qu'elle la traiterait «en interne».

«En écoutant les personnes impliquées, nous verrons si cela s'avère vrai ou non».

Neus Segui, Jordina Pallarols, nageuses de la sélection jusqu'en 2003 ou encore Laura Lopez Valle, nageuse jusqu'en 2009, décrivent pourtant toutes Anna Tarres comme une «despote».

«D'une façon ou d'une autre, on nous a fait croire qu'Anna était une figure inamovible, intouchable (...) Ou tu étais avec elle, ou tu étais contre elle, ce qui signifiait que tu pouvais alors faire une croix sur ta carrière à jamais», écrivent-elles.

S'ensuit toute une liste d'humiliations et de commentaires dégradants que les nageuses disent avoir subis sous la férule de Tarres.

«Tu t'es peut-être bien comportée durant cette épreuve, mais tu es trop grosse pour que je puisse me permettre de défigurer l'équipe avec toi», rapporte de manière anonyme une nageuse, qui dit avoir cédé à des crises de boulimie après cet épisode.

«Ne fais pas la chochotte, tout le monde sait que tu baises tout ce qui bouge», aurait encore lâché Tarres à une autre nageuse, alors âgée de 14 ans un jour où elle n'arrivait pas à accomplir un exercice.

Tarres, qui a affirmé avoir «la conscience très tranquille», n'a pas été reconduite par la fédération le 6 septembre, malgré un palmarès comprenant 4 médailles olympiques, 26 mondiales et 25 européennes.

«Il est vrai que nous avons notre part de responsabilité en ayant cru si longtemps que nos témoignages ne serviraient à rien», expliquent les nageuses pour justifier leur long silence. «Mais le sport espagnol ne saurait admettre (...) des médailles obtenues à n'importe quel prix», concluent-elles.