Jamais une huitième position n'a paru aussi savoureuse à Alexandre Despatie. Il souriait en voyant ses collègues plongeurs et entraîneurs hésiter à venir le féliciter pour un classement aussi quelconque. Mais l'ancien champion du monde savait d'où il revenait. Et surtout où il s'en allait: aux Jeux olympiques de Londres, à l'épreuve individuelle de 3 mètres, où il tentera de décrocher une troisième médaille l'été prochain.

À l'issue d'une pénible reconstruction pour revenir d'une sérieuse blessure à un genou, Despatie a confirmé sa place en prenant le huitième rang des préliminaires, mardi après-midi, à la Coupe du monde de Londres. Son compatriote Reuben Ross a procuré un deuxième ticket olympique au Canada en finissant 11e.

La zone d'entrevues du Centre aquatique était presque déserte quand Despatie s'est y présenté, une vingtaine de minutes après la très longue séance, qui aura duré presque quatre heures. Il a laissé tomber son sac à dos tel un boulet, comme s'il se soulageait du poids de la dernière année, marquée par les reculs et les doutes.

«Soulagé et content»

«Ça a été un long processus, difficile, stressant, avec des hauts et bas», a-t-il rappelé en gardant un oeil sur les messages qui défilaient sur son téléphone. Il s'est excusé avant de le glisser dans sa poche. Puis il a ajouté: «Je mentirais si je disais que ça a été rose et plaisant. Il a fallu que je me batte, que j'aille assez creux pour faire ça. Je suis soulagé et content. Vraiment content.»

La tâche était simple: atteindre la demi-finale réservée aux 18 premiers. Despatie n'a jamais vraiment été en danger, à part cette petite frayeur au quatrième plongeon, un trois et demi renversé où il a trop anticipé l'ouverture. Les nerfs, pense-t-il. Il était incapable de se sortir de la tête que la Coupe du monde représentait la dernière compétition de sélection pour les JO.

Avec deux plongeons à faire, il a reculé au 12e rang. «Je ne me suis pas découragé parce que je savais que si je tombais dans le négatif, c'était fini», a-t-il expliqué.

Ses deux derniers essais ont été plus convaincants, ce qui lui a permis de conclure la journée avec 446,40 points, un score dont il n'avait à peu près rien à cirer à part pour le fait que ça le propulsait en demi-finale de mercredi matin. Il plongera alors sans pression aucune, sans devoir penser à une sélection ou à une médaille hypothétique, seulement à sa technique.

Comme un hockeyeur

Soulagé, Despatie a continué à parler pendant de longues minutes, s'excusant presque de revenir sur sa période de réadaptation. Il a rappelé les Mondiaux et les Jeux panaméricains manqués, les progrès minuscules, le retour à l'eau où il se laissait tomber du bout du tremplin, comme un débutant.

Avant la Coupe du monde, il n'a eu que quatre semaines pour se remettre à plein régime, une course contre la montre qui fut particulièrement éprouvante. Il a comparé son cas à celui d'un hockeyeur qui reviendrait au jeu: «Lui, il a tous les boys autour de lui pour que ça ne paraisse pas trop. Moi, je suis tout seul sur la planche.»

Libéré de ses soucis mais épuisé - il s'est dit «toasté»... - Despatie n'avait plus qu'une chose en tête: retrouver son lit à l'hôtel. «Quand je vais me coucher, je pense que ça va tomber. Parce que de la façon dont je vois les choses, c'est comme: enfin, c'est fini!» Les Jeux peuvent commencer.