Émilie Heymans a répondu à bien des interrogations en gagnant la médaille d'argent à la tour aux Jeux olympiques de Pékin. À 27 ans et plus épanouie que jamais, elle veut maintenant savoir jusqu'où elle peut se rendre sur le tremplin de 3 mètres. Premières réponses, ce week-end, à la Coupe Canada de plongeon.

Émilie Heymans n'entend qu'une chose depuis le début de la semaine: «J'ai hâte de te voir plonger...» En l'absence d'Alexandre Despatie, ralenti par une faiblesse au dos, et des Chinois, qui ont prétexté un problème de visas, la plongeuse de Saint-Lambert sait très bien qu'elle est le point de mire de la Coupe Canada de plongeon, qui a commencé hier à la piscine du Parc olympique. Et la pression commence à monter.

Nerveuse, la triple médaillée olympique? «Oui, je commence à être nerveuse», a admis Heymans, hier, dans la file d'attente pour le pâté chinois du midi.

L'athlète de 27 ans avait une heure à tuer avant de prendre part à sa dernière séance d'entraînement en vue de la Coupe Canada, quatrième étape du circuit Grand Prix, malheureusement délaissée par plusieurs des meilleurs plongeurs de la planète en cette année post-olympique.

Sous l'oeil avisé de son entraîneuse et complice Yi Hua Li, Heymans s'est abord échauffée sur le tremplin de 1 mètre avant de grimper sur le 3 m, d'où elle s'élancera pour les préliminaires de ce matin.

Heymans en sera à sa première sortie depuis les Jeux olympiques de Pékin, en août dernier, mais surtout à sa première compétition sur le tremplin depuis les sélections pour les Jeux Panaméricains, en avril 2007, où une très mauvaise performance l'avait reléguée au quatrième rang. Désireuse de préserver ses énergies pour la tour, où elle a gagné l'argent à Pékin, Heymans avait alors choisi de délaisser le 3 m, une spécialité à laquelle elle consacrait à peine le cinquième de son entraînement.

« Ce n'est pas parfait «

Deux ans plus tard, la revoilà sur un tremplin, où elle espère pouvoir lutter pour une médaille aux prochains Jeux olympiques de Londres, en 2012.

Mais avant d'en arriver là, il a fallu retourner à la planche à dessin et remodeler un saut d'appel qui n'était plus adapté au goût du jour.

Heymans y travaille depuis janvier et la tâche n'est pas de tout repos. «Je le manque plus souvent que je le réussis, a-t-elle révélé. Si j'en réussis quatre sur une trentaine à l'entraînement, c'est bon. C'est sûr que les 25 autres ne sont pas horribles et que je suis quand même capable de faire mon plongeon, mais ce n'est pas parfait. En fait, quand je réussis mon saut d'appel, je suis tellement surprise que bien souvent, mon plongeon n'est pas bon!»

Quand elle a pris la décision de reprendre le 3 m à l'automne, Heymans se doutait bien que Yi Hua lui demanderait de modifier son saut d'appel. L'entraîneuse lui en avait déjà fait la suggestion au début de leur association, en 2005, mais Heymans avait estimé ne pas pouvoir y mettre suffisamment de temps pour que le jeu en vaille la chandelle.

Essentiellement, Heymans prend maintenant son impulsion avant le bond final sur une seule jambe plutôt que deux. La puissance et la hauteur de ses plongeons s'en trouvent bonifiées, mais le risque d'erreurs est aussi beaucoup plus grand.

«C'est un gros changement, un gros défi, a noté l'athlète de l'année au dernier gala Sports-Québec. Musculairement, c'est quand même très difficile parce que ça met beaucoup de poids sur une seule jambe. Ça demande un bon moment d'adaptation, mais la progression va bien.»

Heymans a également dû composer avec un horaire un peu dément en février. Elle devait jongler avec l'entraînement à temps complet, ses études en commercialisation de la mode à l'UQAM et la préparation de ses chorégraphies pour le Match des Étoiles, la défunte émission de danse de Radio-Canada où elle a cartonné en atteignant la demi-finale.

«Les gens me parlent plus du Match des Étoiles que de ma médaille aux Jeux olympiques, a-t-elle fait remarquer, amusée. La fatigue s'accumulait, mais c'était vraiment une super belle expérience, surtout que c'était une chance unique parce que l'émission ne reviendra pas.»

Une chance « unique «, Heymans a d'excellentes chances d'en avoir une autre. À Londres, en 2012, elle pourrait devenir la première athlète du Canada à gagner une médaille à quatre Jeux olympiques. En attendant, elle se donne les moyens de ses ambitions.