Joannie Rochette ne participera pas à la série Grand Prix l'automne prochain. Cela ne veut pas dire qu'on ne la verra plus sur le circuit compétitif de l'Union internationale de patinage.

Simplement, Rochette est toujours ambivalente quant à son avenir en patinage artistique. Elle sait qu'elle veut prendre part à des spectacles pour quelques années, mais ignore si elle retrouvera le goût de la compétition.

Or l'Union internationale de patinage (UIP) exige un engagement de la part des participants en vue de la prochaine saison des Grands Prix, son principal circuit compétitif. Et la médaillée de bronze olympique était incapable de le fournir.

«C'était compliqué, c'était une décision difficile à prendre, a expliqué Rochette, jointe mardi après-midi. J'aurais voulu plus de temps, décider plus tard dans l'année. Je n'ai pas la tête à ça. Je n'ai même pas pris le temps d'y penser.»

Chaque année, un peu avant l'été, l'UIP demande aux différentes fédérations nationales de lui soumettre la liste des patineurs disponibles pour le circuit Grand Prix de la saison suivante.

Les noms sont ensuite ventilés selon le principe où chacun des événements est assuré d'accueillir au moins deux des meilleurs patineurs/couples de la saison précédente. Ceux-ci ont priorité dans la sélection des compétitions.

Pour Rochette, qui vient de conclure une année folle marquée par sa médaille de bronze à Vancouver quelques jours après la mort subite de sa mère, le temps est au repos et à la réflexion.

Si elle s'était engagée sur le circuit Grand Prix, elle n'aurait pas pu reculer l'automne venu sans une raison médicale sérieuse. Sans quoi elle se serait exposée à une amende salée de la part de l'UIP, qui tient à protéger son produit par rapport aux très populaires shows professionnels.

«C'est un peu ça le problème: je ne veux pas risquer d'avoir une sanction, qui est quand même assez grosse, a indiqué Rochette. Ça ne donne pas trop le goût d'être dans le trouble.»

«Je trouve ça plate de ne pas faire les Grands Prix, a-t-elle enchaîné, mais en même temps ce n'est pas comme les Mondiaux ou les Coupes du monde de ski alpin. C'est moins important.»

Rochette s'était retrouvée dans une situation similaire à l'aube des derniers Championnats du monde de Turin, en mars dernier. Épuisée mentalement et physiquement, elle avait préféré passer son tour. Mais les dirigeants de l'UIP avait refusé qu'elle prenne part à la compétition télévisée Thin Ice, disputée tout juste avant. Devant le tollé, l'UIP s'était ravisée et avait accordé une permission spéciale à l'héroïne des Jeux de Vancouver pour qu'elle puisse offrir une prestation.

Rochette a rangé les lames pour les trois prochaines semaines. Elle reprendra l'entraînement au début juillet avant de s'attaquer à la préparation d'un programme libre en vue de la compétition professionnelle Japan Open, à Tokyo, début d'octobre.

La patineuse de l'île Dupas aura alors une meilleure idée de son avenir. Elle pourrait décider d'abandonner définitivement son statut amateur. Un projet de nouveau circuit professionnel est d'ailleurs dans l'air, mais Rochette n'en connaît pas encore les détails. Elle pourrait aussi choisir de reprendre la compétition aux championnats canadiens de Victoria, du 21 au 23 janvier, tout en continuant d'offrir des spectacles.

«Je garde mes options ouvertes», a résume la sextuple championne nationale.

La prochaine saison Grand Prix s'ouvrira avec le NHK Trophy, à Nagaoya, au Japon, du 22 au 24 octobre. Suivront, une semaine plus tard, les Internationaux Patinage Canada à Kingston, en Ontario. Toutes les autres vedettes canadiennes y seront, à commencer par les champions olympiques en danse Tessa Virtue et Scott Moir, Cynthia Phaneuf, Patrick Chan, ainsi que Jessica Dubé et Bryce Davison.