L'univers du patinage artistique n'est toujours pas immunisé contre les conflits d'intérêts chez les juges, un problème qui pourrait causer de la controverse durant les Jeux olympiques de Vancouver, a déclaré mardi le membre du comité olympique canadien Dick Pound.

«Vos juges sont sélectionnés par les fédérations nationales, et sont redevables envers elles en raison de cela, a déclaré Pound, qui est aussi membre du Bureau des directeurs du comité organisateur des Jeux olympiques de Vancouver. Ils doivent juger de la façon qui leur est dictée par les fédérations nationales.»

Pound est également en désaccord avec le système actuel, qui empêche de connaître les scores attribués par chacun des juges.

«Si vous êtes un juge, j'ignore quel pointage vous avez décerné à chacun des athlètes, a poursuivi Pound. Je crois que c'est important que chaque juge soit prêt à justifier les raisons pour lesquelles il ou elle a donné ce score à un athlète.»

Pound préfèrerait que l'Union internationale de patinage (UIP), qui gère les compétitions de patinage, choisisse les juges pour les compétitions majeures comme les Jeux olympiques et les championnats mondiaux.

«Selon moi, l'UIP devrait sélectionner ses juges en fonction de leur crédibilité, a dit Pound. Vous êtes un juge de l'UIP. Vous n'êtes pas un juge canadien. Vous n'avez aucune nationalité.

«Et, vous devrez être imputable pour vos décisions, et ne pourrez vous réfugier derrière l'anonymat.»

Un scandale aux Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City avait impliqué les Canadiens Jamie Sale et David Pelletier, et en conséquence le système d'attribution des points avait été réformé en profondeur.

Le nouveau système a ainsi éliminé le plafond de 6,0 points qui pouvaient être attribués aux patineurs, et fait passer le nombre de juges de neuf à 12 pour chaque compétition. Il utilise également une grille plus compliquée et emploie un système informatisé. La valeur des points est toujours attribuée en fonction des sauts.

Pound croit cependant que ces changements sont de la poudre aux yeux.

«Le système électronique est géré par un juge qui appuie sur des boutons, a-t-il expliqué. La mécanique n'empêche pas les conflits.»

Ce système a été utilisé aux Jeux olympiques de Turin en 2006, mais Pound refuse de croire que la controverse pourrait être exclue des Jeux de Vancouver.

«Chaque fois qu'une compétition est jugée selon ce système, la possibilité existe, a commenté Pound. Les enjeux sont si énormes que les risques sont élevés au niveau des juges.»