Pour Greg Joy, d'avoir été le porte-drapeau du Canada lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de 1976, à Montréal, est l'un des «plus grands faits saillants de (sa) vie».

Le spectacle, présenté devant 73 000 personnes dans un Stade olympique inachevé, a conclu des Jeux d'été qui ont été un énorme succès sur le terrain, malgré les dépassements de coûts, les conflits de travail et les accusations de corruption qui ont miné les préparations de ces JO, qui célébreront leur 40e anniversaire le 17 juillet.

«Ça a été des Jeux fantastiques, bien organisés malgré les problèmes de construction, s'est rappelé Joy. C'étaient des Jeux accueillants.»

Les premiers Jeux d'été tenus au Canada ont fait de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, du boxeur américain Sugar Ray Leonard, et du décathlonien Bruce (maintenant Caitlyn) Jenner - et bien d'autres - des vedettes internationales. Mais une chose qu'ils n'ont pas fait, c'est de couronner un champion canadien.

Le Canada a terminé la quinzaine avec cinq médailles d'argent et six de bronze, toutes sauf trois provenant de l'équipe de natation. Il est toujours le seul pays hôte à ne pas avoir gagné de médaille d'or aux Jeux d'été.

C'est possiblement Joy qui est passé le plus près. L'un des meilleurs sauteurs de son époque, Joy a franchi 2,23 mètres pour battre le record du monde de Dwight Stones. Il a toutefois dû se contenter de l'argent quand il n'a pas pu égaler les 2,25 m du Polonais Jacek Wszola.

Joy était fâché d'avoir perdu, même si le pays a célébré sa performance, en a fait un héros et l'a nommé porte-drapeau.

«Les attentes sportives du Canada ont changé ces 40 dernières années, dit-il. Honnêtement, nous espérions gagner une médaille, mais elle n'était pas attendue. Maintenant, elles le sont. Nous nous demandons combien nous allons en gagner. Nous avons un excellent système de nos jours.

«Je me battais contre les meilleurs au monde et je savais que j'étais de leur calibre. Je visais la médaille d'or et de la rater par deux centimètres, ça ne m'a pas plu.»

La performance de Joy est probablement celle dont on se souvient le plus, mais Cheryl Gibson aurait possiblement dû remporter l'or, elle qui a terminé deuxième du 400 m quatre nages derrière l'Allemande de l'Est Ulrike Tauber. Une autre Canadienne, Becky Smith, a terminé troisième.

Les Est-Allemands, deuxièmes au tableau des médailles avec 40 d'or et 90 au total derrière l'Union Soviétique (49 d'or, 125 au total) et tout juste devant les États-Unis (34 d'or, 94 au total), ont plus tard révélé avoir mené un vaste programme de dopage. Gibson aurait pu recevoir l'or si Tauber avait été disqualifiée, mais faute de preuves, les résultats est-allemands tiennent toujours.

Le pagayeur John Wood, le cavalier Michel Vaillancourt et l'équipe de relais masculine de natation ont également gagné des médailles d'argent.

Les nageuses Nancy Garapick - avec deux - et Shannon Smith ainsi que deux équipes de relais féminines de natations ont mis la main sur les autres médailles de bronze.

Le Canada a terminé 27e au tableau des médailles, mais les spectateurs ont eu droit à de belles performances de la part des athlètes étrangers, à commencer par Comaneci.

La gymnaste de 14 ans a réussi le premier 10 de l'histoire du sport aux barres asymétriques lors de la première journée de compétitions. Elle a finalement reçu sept notes parfaites en route vers trois médailles d'or. Cette récolte, en plus de son énergie et de son sourire contagieux, en ont fait la vedette incontestée de ces Jeux.

Pas moins de 6084 athlètes, dont 1260 femmes, ont participé aux Jeux de Montréal, où la plupart de l'action s'est déroulée sur la piste d'athlétisme. C'est là que Jenner, le coureur de demi-fond cubain Alberto Juantorena, le sauteur de haies américain Edwin Moses et le coureur de fond finlandais Lasse Viren sont devenus des noms connus de tous.

Il aurait dû y avoir plus d'athlètes à ces JO 1976, mais ils ont été les premiers à être frappés d'un boycott majeur, alors que la plupart des nations d'Afrique sont demeurées chez elle au lieu de devoir affronter la Nouvelle-Zélande. Cette contestation était en réponse à la tournée effectuée par son équipe nationale de rugby en Afrique du Sud, alors en plein Apartheid. Les Jeux de Moscou, en 1980, et ceux de Los Angeles, en 1984, seront aussi boycottés pour d'autres raisons.