L'eau où se tiendront les compétitions de nage en eau libre durant les Jeux olympiques de Rio en 2016 n'est pas conforme pour l'instant aux normes internationales fixées pour assurer la santé des athlètes.

C'est du moins ce qu'a révélé à La Presse le chef de mission de l'équipe canadienne Jean-Luc Brassard lors de son passage à Rio cette semaine, à l'occasion du séminaire des délégations des 206 pays qui participeront aux Jeux.

La rencontre qui se tient à moins d'un an de tous les Jeux olympiques a pour but d'informer les délégations sur l'avancement des travaux de même que sur les questions de logistique et d'organisation.

«Au niveau de l'impact direct, dans le cas des nageurs par exemple, on sait que les normes ne sont pas atteintes en ce moment. Mais ils nous disent qu'ils sont assez confiants d'y arriver.»

La polémique entourant la qualité de l'eau de la baie de Guanabara est depuis plusieurs mois l'épine au pied du comité organisateur de Rio 2016 après que les autorités brésiliennes ont admis qu'elles n'arriveraient pas à respecter leur promesse initiale de la décontaminer.

À ce jour, encore 50% des égouts non traités des 10 millions d'habitants de la région métropolitaine y sont toujours déversés, auxquels s'ajoutent 100 tonnes de déchets domestiques par jour.

En juillet, fort des résultats d'une analyse indépendante, l'Associated Press révélait que des échantillons d'eau recueillis sur quatre différents sites durant plusieurs mois représentaient des risques élevés pour la santé des athlètes.

Le comité organisateur soutient depuis le début que tout ça est exagéré. Mais la presse brésilienne continue à remettre en question ces affirmations, citant les inquiétudes de certaines fédérations nationales de voile.

Pendules à l'heure

Jean-Luc Brassard a tenu à remettre les pendules à l'heure concernant toute cette histoire. Il s'est dit rassuré par ce qu'il a entendu de la part du comité organisateur, de même que par les mesures qui sont prises pour atteindre des niveaux acceptables pour les athlètes.

«L'eau de la baie de Rio en ce moment est de meilleure qualité que l'eau de la baie de Barcelone lorsque les Jeux olympiques ont eu lieu dans cette ville. Échantillons à l'appui.»

Le médaillé d'or des Jeux de Lillehammer affirme que les analyses hebdomadaires d'échantillons d'eau effectuées depuis peu, et dont les résultats sont systématiquement acheminés aux délégations, ne démontrent pas de danger pour les planchistes et les épreuves de voile, contrairement à ce qui a été véhiculé dans les médias.

«Au niveau des normes [internationales] de contacts indirects avec l'eau par exemple, une personne qui est dans un voilier et qui reçoit des gouttes d'eau, ce n'est pas un problème», assure-t-il.

Épreuves tests de voile

Au cours des derniers jours, des athlètes de plusieurs pays du monde ont d'ailleurs pris part aux épreuves tests de voile et de planche à voile dans la baie de Guanabara à Rio.

La Vancouvéroise Isabella Bertold, qui entend cette fois monter sur le podium, confirme que l'eau de la baie est de meilleure qualité qu'à bien des endroits où elle a navigué par le passé.

«Ça fait trois semaines que je navigue ici et je n'ai pas été malade une seule fois. Je n'ai aucune plainte à formuler sur la qualité de l'eau», soutient celle qui avait été contrainte de regarder les Jeux de Londres à la télévision à la suite d'une vilaine blessure.

«Ils ont fait un travail extraordinaire pour retirer les débris qui flottent sur l'eau pour les épreuves tests cette semaine, comparativement à ce que c'était quand je suis arrivée.»

Commissions médicales

Dans un mois, ce sera au tour des 206 commissions médicales des pays participants de se réunir à Rio pour faire le point sur les aspects touchant la santé et le bien-être des 10 500 athlètes.

«C'est sûr que ça, c'est à l'agenda d'avoir des relevés bactériologiques», admet Jean-Luc Brassard dont le mandat est, entre autres, de s'assurer de la santé des athlètes canadiens.

«Quand les gens des commissions médicales vont se réunir, on va vraiment avoir un portrait de ce qui se passe de ce côté-là. Si, d'un point de vue international, on en vient à la conclusion que ce n'est pas viable, il faudra trouver une solution à ce moment-là.»

En ce qui a trait aux autres enjeux, Jean-Luc Brassard s'est dit impressionné par l'avancement des travaux et par le travail phénoménal accompli par le comité organisateur pour reprendre les retards accumulés.

«Moi, j'étais ici il y a un an et par exemple le vélodrome me semblait être un peu à la remorque, mais maintenant toutes les infrastructures, grosso modo, sont terminées en moyenne entre 85 et 90%», s'est-il réjoui.

Le sympathique chef de mission s'est dit triste de devoir rentrer si rapidement au Québec sans pouvoir profiter un peu des beautés de la ville et de l'accueil légendaire des Brésiliens.

«Je repars à regret. J'ai un emploi et il faut que j'aille travailler parce que mon boulot comme chef de mission, c'est bénévole.»