Avec Tokyo, les Jeux olympiques 2020 seraient «entre de bonnes mains» insiste son comité de candidature, qui brandit plus que jamais la carte de la fiabilité face à ses deux rivales, Istanbul, ébranlée par le mouvement de contestation, et Madrid, capitale d'un pays frappé par la crise économique.

Tokyo se présente depuis des mois comme la valeur sûre dans cette bataille à trois qui s'achèvera par le vote du CIO le 7 septembre à Buenos Aires, mais ses arguments ont pris une nouvelle résonance ces dernières semaines face aux soubresauts de l'actualité mondiale.

«Dans ces temps incertains, l'important est comment les Jeux olympiques peuvent être organisés», a souligné Tsunekazu Takeda, le président du comité de candidature nippon, lors d'un entretien avec l'AFP.

«Avec Tokyo, les Jeux seraient entre de bonnes mains. Tokyo est l'une des villes les plus sûres au monde, et notre capacité financière est un autre point fort», a estimé celui qui est aussi président du Comité olympique japonais.

Le comité de candidature de Tokyo prend soin de choisir ses mots, échaudé par le faux-pas du gouverneur de la métropole, Naoki Inose, fin avril.

L'ombre Fukushima

Dans un entretien au New York Times, l'écrivain s'était en effet laissé aller à d'obscurs commentaires sur les pays islamiques qui s'entredéchirent et le peu d'espoir qu'avait la jeunesse turque de vivre longtemps. Des propos perçus comme des critiques d'une autre ville candidate, ce qui est formellement interdit par les règles de bienséance olympique.

Pourtant, la candidature japonaise ne passait pas vraiment pour celle de l'assurance tout risque quand Tokyo s'est officiellement lancée dans la course en juillet 2011, après avoir échoué, comme Madrid, à décrocher les Jeux 2016 face à Rio.

Le Japon était alors traumatisé par les contre-coups du tsunami, le 11 mars précédent, et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. «Nous voulons faire des J0-2020 le symbole de notre redressement», proclamait alors Tsunekazu Takeda.

Aujourd'hui, l'ancien cavalier des Jeux de 1972 et 1976 doit convaincre ses pairs au CIO, où il est le seul membre japonais pour faire du lobbying: «C'est très important pour le Japon, surtout après ce qui s'est passé dans le nord-est du pays, d'envoyer un tel message à la jeune génération, mais aussi au monde entier».

Optimisme prudent

«Le sport a un grand pouvoir, le sport peut changer la société», estime Tsunekazu Takeda, lui-même profondément marqué par les Jeux de 1964 à Tokyo. «J'étais un lycéen de 17 ans, j'ai ressenti une grande fierté en tant que Japonais, et cela m'a donné de grands rêves pour le futur. Je veux transmettre cette même expérience à la jeune génération».

Comme le pays qui allie tradition et modernité, Tokyo propose de faire le trait d'union avec son passé olympique à travers deux zones pour les Jeux, une zone «patrimoine» reprenant des infrastructures des JO-1964 et une nouvelle en front de mer.

Trop sûre de la solidité de son dossier technique, Tokyo avait péché par orgueil voici quatre ans, négligeant le faible soutien de sa population. Cela n'avait pas échappé au CIO. La flamme olympique s'est depuis ravivée dans l'archipel, où l'approbation populaire a été mesurée à 77 % dans un sondage en mars.

Aussi, malgré les agitations de la planète qui jouent en sa faveur, Tokyo affiche une confiance prudente, attendant de disséquer le rapport technique sur les trois candidates que publiera mardi la commission d'évaluation du CIO.