C'est sûrement l'une des plus grandes séquences de victoires tous sports confondus. La joueuse de tennis en fauteuil roulant Esther Vergeer a remporté son 468e match d'affilée en simple, une séquence qui remonte à 2003.

La Néerlandaise de 31 ans a remporté sa dernière victoire aux dépens de la Thaïlandaise Sakhorn Khanthasit (6-1, 6-0) en quarts de finale des Jeux paralympiques de Londres.

Vergeer est no 1 au classement de tennis en fauteuil roulant depuis plus de 13 ans. Richard Krajicek, champion à Wimbledon en 1996, l'appelle «peut-être la sportive qui a connu le plus de succès de tous les temps.»

Il est largement admis que seul le joueur de squash Pakistanais Jahangir Khan a eu une plus longue série de victoires consécutives, soit 555. Mais c'était sur une période de cinq ans, de 1981 à 1986. La séquence de Vergeer s'étire sur plus de neuf ans.

«Ce n'est pas une motivation en soi d'atteindre les 555 victoires, a confié Vergeer à Eton Manor, un site construit en vue des Paralympiques et situé à l'extrémité nord du Parc olympique dans l'est de Londres. Mais bien sûr, je tente encore de m'améliorer, je suis encore en train de développer le jeu de tennis en fauteuil roulant.

«Si ça continue comme ça et que je gagne des matchs, peut-être dans quelques années, je m'approcherai de la marque des 555 victoires. Mais là encore, il y a beaucoup de filles qui travaillent très dur et qui poussent derrière moi. Je le sais. Ça pourrait arriver un jour que je perde.»

Les statistiques que Vergeer a compilées depuis 1996, quand elle a fait ses débuts sur la scène internationale, sont renversantes.

Elle a gagné 42 titres du Grand Chelem (21 en simple, 21 en double) et cinq médailles d'or paralympiques (trois en simple, deux en double).

De 2004 à 2006, elle a enlevé 250 sets consécutifs. Au total, elle a remporté 162 titres en simple. Et le jeu qu'elle a perdu face à Khanthasit est le seul qu'elle a concédé à ces Jeux paralympiques en trois matchs.

«Ma séquence victorieuse amène beaucoup de pression», a avoué Vergeer, qui est dans un fauteuil roulant depuis l'âge de huit ans, quand une opération pour corriger une hémorragie autour de la moelle épinière l'a rendue paraplégique.

«Chaque fois que je me présente sur le court, les attentes de beaucoup de gens sont grandes, ce qui met de la pression sur moi. Je pense que ce sera bon pour le sport si je perds un jour, parce que cela signifie que la concurrence devient plus forte et qu'il y a plus de filles qui jouent à un plus haut niveau.»

Vergeer n'est pas seulement en avance sur ses rivales en terme de puissance, étant capable d'exécuter des services à 125 km/h, et en technique, son revers étant semblable au style de Roger Federer.

Elle est aussi très en avance en matière de technologie.

«Quickie», le nom du fauteuil roulant qu'elle utilise pendant les matchs, est une nouveauté pour les Jeux de Londres.

«Il est entièrement construit pour moi, moulé, a mentionné Vergeer, fière de son engin. Je l'ai conçu parce que je pense que dans une chaise ordinaire, vous faites beaucoup de mouvements avec vos hanches et vos genoux, de haut en bas et d'avant en arrière. Vous perdez beaucoup d'énergie comme ça.»

«Ce n'est pas confortable - quand je termine un entraînement ou un match, c'est un soulagement. Mais ça fonctionne. Cela me rend très stable, je me sens très forte sur le terrain.»