Le septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong a demandé à l'Agence américaine antidopage (USADA) d'abandonner la procédure entamée contre lui faute de preuve, dans une lettre dont le journal Washington Post a publié une copie vendredi.

«L'USADA n'a donné aucune preuve pour étayer ses allégations fallacieuses», écrit Robert Luskin, l'avocat de l'Américain, dans le courrier de 18 pages. «L'USADA doit fournir la preuve sur laquelle repose sa lettre du 12 juin (accusant Armstrong) ou le comité d'experts doit simplement recommander que l'affaire soit classée pour manque de preuve», poursuit-il.

L'USADA avait la semaine passée engagé une procédure contre l'Américain, qu'elle accuse de s'être dopé dès 1996 et jusqu'à 2011, ce qui pourrait lui faire perdre ses sept victoires dans le Tour de France.

Le coureur et cinq de ses collaborateurs, dont son ancien directeur sportif belge Johan Bruyneel et son préparateur italien Michele Ferrari, avaient été avisés par une lettre, présentée comme «la première étape d'une procédure légale qui en compte plusieurs pour violations présumées des règles antidopage en sport».

Le dossier doit être actuellement examiné par un comité d'experts indépendants («anti-doping review board») de quatre membres, à qui Armstrong demande donc d'abandonner les charges.

Les avocats d'Armstrong reprochent notamment à l'USADA de ne pas leur avoir transmis les preuves. «Permettre à l'USADA de poursuivre la procédure sans partager ses preuves est en contradiction non seulement avec le protocole, mais aussi avec notre conception commune de la justice et du fair-play», ajoute Luskin dans sa lettre.

«Sans fondement»

Pour appuyer ses accusations, l'USADA avait de son côté dit disposer de témoignages d'anciens coéquipiers attestant qu'«Armstrong avait eu recours au dopage à l'EPO, aux transfusions sanguines, à la testostérone, et à la cortisone d'une période allant d'avant 1998 jusqu'à 2005, et qu'il avait auparavant utilisé de l'EPO, de la testostérone et de l'hormone de croissance en 1996».

L'agence avance aussi que le Laboratoire antidopage de Lausanne avait suspecté la présence d'EPO dans un échantillon urinaire de Lance Armstrong lors du Tour de Suisse 2001. Un contrôle qui aurait été étouffé, selon certains de ses anciens coéquipiers.

L'USADA s'appuie également sur les échantillons sanguins de l'Américain collectés en 2009 et 2010, l'année de son bref retour après quatre ans de retraite, «parfaitement compatibles avec des manipulations sanguines incluant l'usage d'EPO et/ou de transfusions sanguines».

Malgré les nombreuses accusations qui ont émaillé sa carrière, le Texan, âgé de 40 ans, n'a jamais été encore officiellement convaincu de dopage, et encore moins sanctionné.

Il a toujours fermement nié les faits, parlant d'«accusations sans fondement». En attendant l'issue de la procédure, Armstrong, retraité des pelotons, est suspendu, et ne peut plus participer à des triathlons, son nouveau sport.