Footballeur étoile du Crimson de l'Université Harvard, forcé de prendre sa retraite à 24 ans après avoir subi plusieurs commotions, Chris Nowinski a brièvement fait carrière comme lutteur professionnel dans la WWF.

Il a gardé de cette époque sa chevelure blonde, mais surtout une présence imposante et une «grande gueule» qui en font un codirecteur indispensable du Center for the Study of Chronic Traumatic Encephalopathy (CSCTE), à Boston University.

C'est lui qui, le premier, a eu l'audace de prendre contact avec les familles d'anciens joueurs de la NFL pour solliciter le don de leur cerveau à des fins scientifiques. Après une brève association avec le Dr Bennett Omalu, il a formé le Sports Legacy Institute avec le Dr Robert Cantu, spécialiste des commotions qui a rédigé le premier protocole de retour au jeu après une blessure, dans les années 80.

«J'ai eu la chance de me joindre, au CSCTE, à une équipe extraordinaire de spécialistes parmi les plus compétents du monde, des chercheurs dont la crédibilité est impeccable, a expliqué Nowinski en entrevue. Pendant longtemps, les découvertes de ces chercheurs ont été ignorées ou même ridiculisées par les dirigeants de la NFL ou d'autres organisations sportives. Ce n'est plus le cas.»

Nowinski est trop modeste pour le dire, mais c'est lui qui a défoncé les portes auprès des autorités. En octobre 2009, quand Cantu et Ann McKee ont été invités à présenter les résultats de leurs recherches devant les propriétaires d'équipe de la NFL, ils ont insisté pour que Nowinski soit du voyage.

«Sa présence à mes côtés m'a permis de traiter d'égal à égal avec eux, explique McKee. Je sentais que tout le monde portait attention à mes propos dans la salle.» Le poids des découvertes présentées et le lobbyisme de Nowinski ont provoqué une petite révolution dans la NFL.

Le commissaire Roger Goodell est devenu l'un des plus ardents défenseurs des initiatives pour mieux protéger les athlètes de tous les niveaux et la NFL a accordé au début de l'année un fonds de recherche de 1 million au CSCTE.

«Nous étudions les cerveaux d'athlètes décédés, des champions d'une autre époque, rappelle Nowinski, mais nous travaillons pour les jeunes. C'est d'eux qu'il s'agit et nous avons tous la responsabilité de faire en sorte qu'ils puissent pratiquer leur sport préféré dans des conditions sécuritaires.»

L'ETC, c'est quoi?

L'encéphalopathie traumatique chronique est une maladie dégénérative du cerveau qui se manifeste par des troubles de la mémoire, une détérioration de la personnalité, une grande irritabilité et certains symptômes physiologiques (maux de tête, tremblements, etc.). On ne peut encore la diagnostiquer qu'après la mort des victimes en détectant de nombreuses petites zones hémorragiques dans le cerveau.