En décembre 2016, Mark Weightman était remplacé dans ses fonctions de président des Alouettes par Patrick Boivin. Quinze mois plus tard, le voici qui refait surface, cette fois comme vice-président, développement et opérations, pour le Groupe CH. Il sera responsable de la Place Bell.

On l'a rencontré lors de sa toute première journée dans ses nouveaux bureaux du Centre Bell, juste avant son bain de foule au salon des journalistes. Il suffit de quelques minutes de conversation pour comprendre à quel point le défi l'emballe.

Réglons tout de suite quelque chose. Weightman est le premier à reconnaître que son départ des Alouettes ne s'est pas déroulé selon les règles de l'art, surtout après qu'il a consacré 22 ans de sa vie à l'organisation. Le public a appris qu'il quittait ses fonctions par la bande, quand Danny Maciocia a révélé qu'on lui avait offert le rôle de président.

«Ce n'est pas bien sorti. En plus, j'avais les mains liées pour en parler, car on devait attendre que l'annonce de l'arrivée de Patrick Boivin soit officielle. J'aurais souhaité que l'annonce de mon départ respecte l'ordre chronologique. Le jour même, ça a été bien fait, mais c'était 48 heures trop tard.»

Tout de même, Weightman assure que son départ était déjà convenu, et d'un commun accord, avec le propriétaire Andrew Wetenhall. Les deux hommes se sont d'ailleurs reparlé à plusieurs reprises depuis, et les relations sont cordiales.

Maintenant, qu'a fait Weightman durant ces quelques mois loin de l'oeil du public? «J'ai changé de sport, de langue, de culture, du fuseau horaire», résume-t-il en riant.

Rien de moins. En gros, il est passé du football au hockey et il a perfectionné son suédois de l'autre côté de l'Atlantique.

Mandat en Suède

Weightman est marié à une Suédoise, et le couple possède une maison là-bas. Chaque année depuis 20 ans, ils y retournent en vacances. Cette fois, ses vacances ont été interrompues par un café avec le président du club de hockey de Linköping. Il faut prononcer «Linshopping», précise-t-il.

Il y avait plusieurs similitudes entre ce que Linköping s'apprêtait à vivre et ce que Weightman avait vu chez les Alouettes. Le club de hockey avait un nouveau contrat télé, l'équipe était en pleine expansion. D'autant plus que la Ligue canadienne de football se compare à la Ligue de hockey de Suède en matière de chiffres d'affaires et de dimensions d'entreprises.

Ça a cliqué entre les deux gestionnaires. Weightman s'est retrouvé avec un large mandat, beaucoup plus tôt qu'il ne l'avait prévu, en octobre dernier.

«Je n'avais pas l'intention de prendre un mandat si rapidement, même si j'ai pris plusieurs mois pour moi [après son départ des Alouettes]. C'est rare dans la vie d'avoir l'occasion de prendre une pause, surtout après 22 ans de sport professionnel. Ce n'est pas un milieu reposant.»

Weightman devait faire une analyse stratégique du côté commercial de l'entreprise: communications, ventes, commandites, expérience client. Il a fait ses recommandations, c'était à lui ensuite de les mettre en chantier. Une nouvelle expérience qui lui a fait le plus grand bien sur le plan professionnel.

«Je voulais faire quelque chose qui me donnerait un regain d'énergie. Je voulais vivre quelque chose de nouveau après 22 ans. C'était une jeune organisation très dynamique, en train de bâtir quelque chose. On me disait: "Prends ta pelle et va bâtir." Ça me faisait penser aux premières années des Alouettes.»

Mais c'est surtout sur le plan personnel que Weightman a apprécié sa nouvelle vie en Suède, même s'il était loin de sa famille. Sa conjointe a un emploi au Québec et ses enfants avaient déjà commencé leur année scolaire. Ils n'ont pu l'accompagner. Il revenait donc à Montréal une semaine par mois pour voir les siens.

«Ça m'a permis de vivre en Suède une saison complète. D'apprendre le quotidien suédois. Mes enfants parlent le suédois mieux que moi. Ma fille me taquine, quand je parle, elle dit que je parle tout croche. Mais je me suis amélioré. J'ai trouvé tout ça enrichissant.»

Retour à Montréal

C'est ce nouveau Weightman qui revient à Montréal. Tout au long de sa présidence chez les Alouettes, il avait développé des relations avec plusieurs membres de l'organisation du Canadien, de Geoff Molson aux responsables des concessions. Ces contacts ont évolué après son départ des Alouettes.

Jusqu'au jour où France Margeret, vice-présidente directrice, affaires commerciales et corporatives, a pris contact avec lui. Des changements s'en venaient, Vincent Lucier redevenait vice-président des ventes pour le Canadien et le Rocket. On a proposé à Weightman de gérer la Place Bell.

«Je vais m'occuper du développement des affaires et des opérations à la Place Bell, pour le Rocket et les autres événements. J'ai visité 10 des 14 arénas en Suède, je voulais prendre connaissance des meilleures pratiques. La Place Bell est un aréna extraordinaire rempli de potentiel. C'est un mandat très intéressant.»

Bien sûr, on l'a rapidement mis au parfum du fiasco du spectacle du groupe The Killers en janvier dernier. «Des fois, ça prend un événement comme ça pour voir ce qui ne va pas et quoi améliorer.»

À savoir maintenant comment il aborde son nouveau rôle, Weightman cherche longtemps le bon mot. On lui propose «fébrile». «Oui, c'est ça. Je l'avais juste en suédois en tête!»