Il se passe de drôles de choses au New Jersey depuis quelques semaines. L'entraîneur a été congédié au lendemain de Noël, deux des trois meilleurs compteurs des Devils ont une moyenne d'âge de 40 ans, et le premier centre était au chômage il y a deux mois.

Bienvenue dans l'univers des Devils du New Jersey de 2014-2015, un monde où l'on confie le premier trio à un certain Scott Gomez.

Le séjour du «Gomer» à Montréal ressemblait pourtant au début de la fin. Après avoir vu le Canadien racheter son contrat, l'attaquant de l'Alaska a traîné son baluchon à San Jose, puis en Floride, des expériences qui ont toutes pris fin après une saison.

Chaque fois il se voyait incapable de fracasser la marque des deux buts, un chiffre qu'il n'a pas dépassé depuis 2010-2011: deux buts en 38 matchs avec le CH en 2011-2012, deux en 39 matchs avec les Sharks la campagne suivante, et deux en 46 matchs avec les Panthers la saison dernière.

Cette saison, il affiche encore deux buts au compteur, mais en seulement 15 matchs, et il a aussi amassé cinq passes pour un total de sept points. Mais les chiffres sont surtout ahurissants quand on regarde son temps d'utilisation: 18:50 par match, dont 2:15 en avantage numérique! Tout ça pour un joueur qui était présent au camp sur invitation et qui a dû attendre au 1er décembre pour signer un contrat... à deux volets!

«Ce qui lui est arrivé, c'est qu'il s'est regardé dans le miroir et qu'il a réalisé où il était rendu, a affirmé le directeur général et entraîneur-chef des Devils, Lou Lamoriello, après l'entraînement d'hier. Il a senti qu'il restait du hockey en lui. Il nous a appelés, je lui ai dit que c'était à lui de se prendre en main cet été pour se remettre en forme. Sans lui faire de promesse, je lui ai dit qu'il pouvait venir au camp.

«Il s'est clairement investi, il a engagé quelqu'un pour son entraînement d'été, il est arrivé au camp dans une forme phénoménale. Il a bien joué au camp, mais on n'avait pas de place pour lui. Il a continué à patiner en solitaire, on a eu des blessés et je lui ai demandé s'il voulait jouer. Il a bien joué jusqu'ici. Le mérite lui revient, et c'est le résultat de son travail.»

On ajoutera que la situation illustre bien le bilan de santé catastrophique - et l'absence de relève - des Devils cette saison. Avant la rencontre d'hier, ils venaient au 5e rang de la LNH avec 158 matchs que leurs joueurs avaient ratés en raison de blessures. En comparaison, ceux du Canadien en ont raté 32...

La clé: la familiarité?

En près de 30 ans de règne comme DG des Devils, Lamoriello a souvent donné la chance à ses anciens protégés. Gomez est d'ailleurs le 25e joueur de l'histoire de l'équipe à faire un second séjour au New Jersey, après des joueurs tels que Tommy Albelin, Jason Arnott et les anciens du Canadien Stéphane Richer, Claude Lemieux et Jim Dowd.

«On le fait souvent à la date limite des transactions, ce sont des joueurs qui connaissent notre organisation, qui savent comment on travaille, a rappelé Lamoriello. Il n'y a pas d'adaptation pour eux. Scott connaissait les gens ici, il y avait peut-être un certain degré de confort pour lui.»

Michael Cammalleri, qui retrouve son ancien coéquipier du Canadien, partage l'avis du patron. «Scott est à son aise ici, ça se voyait dès le camp d'entraînement. Il s'y connaît ici, et ça lui a permis de jouer de son mieux. [...] Sa relation avec Lou et l'organisation lui permet de se sentir ainsi et ça se voit sur la patinoire.»

On aurait bien voulu vous dire ce qu'en pense le principal intéressé, mais le vestiaire des Devils lui est si peu familier qu'il s'est éclipsé avant l'arrivée des médias. Après une demande de La Presse, le relationniste de l'équipe a tenté de le retrouver, mais en vain.