Alors que s'amorce aujourd'hui l'Escrime internationale de Montréal, La Presse a rencontré Sherraine Schalm, une des meilleures escrimeuses canadiennes de l'histoire. À 33 ans, la tête d'affiche de l'équipe canadienne est plus forte et plus passionnée que jamais.

C'est drôle comme le temps et la passion peuvent réparer les choses.

Sherraine Schalm, la première, homme et femme confondus, à avoir dominé une saison de Coupe du monde (2006) et à avoir remporté une médaille au Championnat du monde (2005), sera encore la tête d'affiche de l'équipe canadienne, aujourd'hui, dans l'Escrime internationale de Montréal.

 

Et c'est avec tout l'enthousiasme qu'on lui connaît que la jeune femme a amorcé la compétition, hier matin, en ronde préliminaire, avant de rencontrer les médias. Plus forte que jamais, elle semble avoir atteint une belle maturité.

«Il m'arrive de penser à l'athlète que j'étais en 2000, aux Jeux de Sydney, et de ne pas me reconnaître, a-t-elle expliqué. Je suis tellement plus consciente de tout ce que j'ai à faire pour évoluer au plus haut niveau. Et j'ai l'impression que l'escrime est de plus en plus intéressante à mesure que je vieillis.»

Peu de disciplines sportives sont en effet aussi cérébrales que cette transposition moderne des duels de mousquetaires. Il n'est pas facile d'être continuellement confronté à un adversaire armé et, si la préparation physique est nécessaire, c'est le travail sur la concentration et le mental qui fait la différence en escrime.

«Savoir que l'adversaire essaie de nous déjouer, qu'il essaie de prévoir nos attaques, qu'il redoute notre prochain geste est quelque chose de très stimulant. C'est ce qui rend ce sport si passionnant pour moi, a avoué Schalm. On y éprouve des émotions tellement intenses.»

Schalm n'aime pas le rappeler, mais ses émotions ont beaucoup fait parler d'elle aux Jeux de Pékin, l'été dernier. Battue par une Hongroise lors de son premier duel, alors qu'elle était une des favorites de l'épée féminine, elle a quitté le tapis en lançant une retentissant «Fuck you all» aux membres de la délégation hongroise qui entouraient sa rivale victorieuse.

La raison? Alors qu'elle partage son temps entre Ottawa et Budapest et s'entraînait régulièrement avec l'équipe hongroise, elle avait été écartée d'un camp d'entraînement à quelques semaines des Jeux de Pékin. Sa préparation avait inévitablement été perturbée. Neuf mois plus tard, Schalm préfère regarder devant. Quelques semaines loin de l'escrime - un voyage en Malaisie avec son copain et un séjour tranquille chez ses parents - ont suffi à recharger ses batteries.

Elle travaille toujours avec les Hongrois, mais a pris ses distances de l'équipe nationale de ce pays. «De toute façon, personne n'a parlé de ça en Hongrie. Mon adversaire n'a rien entendu et personne ne m'en veut. Je m'entraîne dans un bon club là-bas, où j'ai d'excellents entraîneurs et des partenaires de très haut niveau.»

Bien placée en Coupe du monde (septième), Schalm a récemment pris la deuxième place d'une compétition en Grèce et défendra la semaine prochaine, à La Havane, le titre qu'elle avait mérité l'an dernier.

Et elle pense déjà à ses prochains Jeux olympiques, en 2012, à Londres. Mais d'autres objectifs l'occuperont d'ici là. «Je vais me marier en juillet et nous espérons fonder une famille rapidement, a-t-elle noté avec un grand sourire. Le moment est bien choisi, dans ma vie et dans ma carrière.»