Chantal Petitclerc n'a pas l'intention de participer au gala Sports-Québec. Ni en 2008, ni en 2009.

L'athlète de 38 ans accepte mal que ses performances et celles de ses collègues des Jeux paralympiques de Pékin ne soient pas considérées pour le gala du 17 décembre prochain. En raison de la date limite fixée au 31 août, les athlètes paralympiques devront attendre une année de plus que leurs collègues olympiques avant d'être éligibles à un trophée Maurice.

«Si, en 2009, je suis encore en train de parler de mes médailles, j'espère que quelqu'un va me dire de passer à un autre appel», a raillé Petitclerc lors d'un entretien téléphonique, ce matin.

«Ça rompt une tradition, a fait valoir la quintuple médaillée d'or à Pékin. On est avec eux depuis trois Jeux et on l'apprécie. Le symbole est important au niveau de l'intégration et de la place du sport paralympique. Ce n'est pas un drame, ils le droit de choisir la date qu'ils veulent, mais je trouve ça plate.» Les Jeux paralympiques de Pékin se sont déroulés deux semaines après les Jeux olympiques. En 2004, une exception avait été faite pour intégrer les performances des Jeux paralympiques d'Athènes. Petitclerc avait d'ailleurs obtenu pour une deuxième fois le Maurice de l'athlète féminine de niveau international. Selon Sports-Québec, certaines fédérations auraient alors jugé trop serrés les échéanciers de dépôt de candidatures. L'idée de repousser la date limite en 2008 n'a pas fait l'unanimité, a expliqué Michelle Gendron, porte-parole de Sports-Québec.

Considérant le nombre d'athlètes impliqués - une douzaine au maximum - Petitclerc juge l'excuse plutôt faible. Elle y voit plutôt une décision «politique». «Je sens un inconfort à comparer des performances olympiques et paralympiques et que ça fait leur affaire de ne pas le faire, a-t-elle dit. Ce ne sont pas nécessairement des préjugés, mais il y a plein de catégories, plein de médailles, on se dit c'est quoi ce sport-là. Ce que je ne comprends pas, c'est que des grilles d'évaluation existent et il y en a une très bonne (à Sports-Québec).» En vue du gala du 17 décembre à Laval, Sports-Québec a prévu un moment pour honorer les athlètes paralympiques québécois, qui ont récolté la moitié des 50 médailles canadiennes à Pékin. Petitclerc, qui attend toujours son invitation, n'a pas l'intention d'y participer. «Ce sera bien beau, il y aura un hommage, mais quand cela a-t-il été décidé? Si c'est un plan de rechange, pourquoi on embarquerait là-dedans?» a-t-elle soulevé.

La nageuse Valérie Grand'Maison, gagnante de six médailles aux Jeux paralympiques de Pékin, se demande elle aussi si elle acceptera l'invitation de Sports-Québec. «Tant qu'à souligner les Jeux paralympique, tu les intègres au complet ou tu gardes tout pour décembre 2009, a-t-elle mentionné. Dans le fond, ce n'est pas notre gala.» En revanche, Grand'Maison ne fait pas grand cas de l'application stricte de la date limite, d'autant qu'elle juge «impossible» de comparer les performances des athlètes handicapés ou autres athlètes. «On n'est tellement pas là pour avoir des honneurs, a-t-elle ajouté. Que ce soit là ou dans cinq ans, ce n'est pas très grave. Ce n'est que partie remise.»