Commençons cette magnifique fin de semaine par une question brûlante d'actualité, si vous le voulez bien: qu'ont en commun Terrell Owens, Randy Moss et Chad Johnson? Bien sûr, ils aiment tous le fric, le glamour et le bling, comme on le dit à Brossard. Mais ce n'est pas tout.

En fait, ces trois hommes sont généralement considérés parmi les meilleurs receveurs de la NFL... mais ils n'ont jamais remporté un Super Bowl.

 

Ce léger détail m'a frappé comme un camion de Heineken l'autre jour, quand j'ai vu T.O. se plaindre en pleine télé parce que son quart avait «seulement» lancé 18 fois en sa direction. Owens, Moss et Johnson font partie de cette race de receveurs qui veulent le ballon tout le temps. Des dignes descendants de Keyshawn Johnson, qui avait choqué le monde littéraire en écrivant, après seulement une saison de jeu, cette autobiographie au titre évocateur: Just Give Me The Damn Ball!

Ce titre résume bien nos trois amis, et plusieurs autres receveurs aussi. Même que chez les Cowboys, le scénario commence à être prévisible: quand ça va mal, Tony Romo se met soudainement à chercher Owens du regard, au point de «forcer» des passes en sa direction, qu'il soit couvert ou non.

L'idée, bien sûr, c'est de s'arranger pour que T.O. soit heureux, au risque de coûter la victoire à l'équipe. C'était assez évident dimanche dernier, quand Romo s'est mis à lancer vers Owens de tous les côtés en deuxième demie. Le grand 81 commençait à bouder, et peut-être que Romo ne voulait plus l'entendre japper sur les lignes de touche. Le résultat n'a évidemment pas été très glorieux, et les Cowboys ont encaissé une défaite de 26-24 en pleine maison contre les Redskins.

À Dallas, les patrons savaient très bien dans quoi ils s'embarquaient quand ils ont embauché T.O. Ils savaient qu'ils allaient obtenir un receveur de grand talent, mais aussi une petite frappe qui allait se plaindre dès qu'on allait l'oublier trop souvent à son goût.

Peut-on vraiment gagner avec des receveurs comme ceux-là? Je me souviens qu'au dernier Super Bowl, certains membres de l'entourage des Giants avaient laissé entendre qu'Eli Manning jouait beaucoup mieux sans Jeremy Shockey, qui était alors blessé. On racontait que Shockey avait l'habitude de se plaindre dans le caucus, et que le bon Eli essayait coûte que coûte de lui refiler le ballon, ce qui menait parfois à des revirements. Coïncidence ou pas, Eli s'est mis à jouer comme un dieu l'instant où Shockey est sorti de l'alignement... avec le résultat que l'on sait.

Chez les Cowboys, Tony Romo est pris avec un receveur qu'il doit absolument contenter. Pas très bon, ça. Même que certains entraîneurs - Dennis Green au Minnesota, Marvin Lewis à Cincinnati - ont carrément détruit leur équipe à force de toujours vouloir faire plaisir à des receveurs mécontents.

En somme, avoir un receveur vedette, c'est un peu comme fréquenter un top-modèle (une réalité que je connais très bien, par ailleurs): c'est plaisant, c'est même spectaculaire... mais ça finit toujours par coûter cher.

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Dites donc, on se dirige droit vers le chaos au Tennessee. Le vieux Kerry Collins fait un travail admirable au poste de quart, mais là, on raconte que Vince Young serait prêt à effectuer un retour au jeu.

À la place de l'entraîneur Jeff Fisher, vous feriez quoi?

Moi, à la place de Fisher, je commencerais par raser cette moustache qui fait un peu trop Tom Selleck époque Magnum P.I., et ensuite, je confirmerais Collins dans le rôle du partant. Parce que Vince Young a déjà menacé d'abandonner à deux reprises lors d'un match (dont une fois en séries). Et parce que les gars de l'équipe n'ont probablement plus confiance en Vince Young de toute façon.

La réputation de Young est encore assez bonne, et les Titans peuvent peut-être obtenir un choix de deuxième ronde pour ses services. Kerry Collins n'est évidemment pas la solution à long terme, mais à court terme, c'est lui qui offre aux Titans les meilleures chances de gagner.

Vince Young, lui, pourrait certes profiter d'un changement de décor. À Nashville, les blessures sont déjà trop vives.