C'était LA grande inquiétude avant les Jeux olympiques de Pékin. Je ne parle pas des terroristes ouïghours, réels ou supposés, non plus que du degré de préparation des organisateurs chinois.

Si ça se trouve, ils sont surpréparés. Hier, j'hésitais devant le congélateur à crème glacée de la cafétéria du village. Quatre bénévoles - quatre! - se sont précipités en même temps pour m'aider à l'ouvrir. On fait des blagues de newfies pour moins que ça.

Non, la grande inquiétude, c'était évidemment la pollution, la chaleur et l'humidité. Le genre de préoccupation qui a poussé des cyclistes américains à se présenter à Pékin le visage couvert d'un masque - au grand dam des autorités chinoises, à qui ces tatas de cyclistes se sont d'ailleurs excusés par la suite.

Dix jours après le début des Jeux, force est de constater que la catastrophe appréhendée, ce scénario de film d'horreur où les athlètes allaient tomber comme des mouches dans la canicule pékinoise, ne s'est pas matérialisée.

Le marathon féminin, dimanche, s'est déroulé sans anicroche. Même le triathlon, disputé sous un ciel uniformément bleu, au nord de Pékin, hier, n'a pas causé trop de dommages, quoique quelques participantes ont souffert de la chaleur et ont dû être prises en charge à l'arrivée.

La Québécoise Kathy Tremblay, qui a fini 31e après avoir ralenti de façon marquée dans la portion course à pied de l'épreuve, a probablement poussé le bouchon trop loin en affirmant que les conditions étaient «vraiment idéales». Mais elle avait raison sur un point: «Quand on fait du triathlon, on sait qu'on ne s'en va pas dans les pays nordiques», a-t-elle dit.

On n'était en effet pas à Oslo. Mais on n'était pas à Pékin non plus. Le parcours de triathlon se trouve au fond d'une jolie vallée bordée de montagnes aux sommets découpés, où les empereurs de la dynastie Ming étaient jadis inhumés. La zone de transition, située au bord d'un immense plan d'eau formé par une longue digue, en face d'une petite île coiffée d'une pagode, cuisait sous le soleil.

«Il faisait 28 degrés au départ, mais parce que le ciel était complètement dégagé, les participantes ont eu la perception qu'il faisait plus chaud en raison du niveau de rayons UV, explique Jon Kolb, physiologiste environnemental de l'équipe canadienne. L'humidité a aussi grimpé pendant la journée et le stress imposé aux athlètes par la chaleur a augmenté au fil de la course. Mais ce n'était rien par rapport au début du mois d'août.»

En effet, la lourde chape d'humidité qui limitait parfois la visibilité à quelques centaines de mètres dans les jours précédant l'ouverture des Jeux a complètement disparu. Un peu comme à Athènes il y a quatre ans, où des vents du nord inhabituels avaient adouci le climat de la capitale grecque, la météo semble collaborer avec les organisateurs des Jeux de Pékin.

Il a fait épouvantablement chaud lors de la cérémonie d'ouverture et des orages de proportions bibliques se sont abattus le premier dimanche des Jeux. Mais depuis, le temps est tout ce qu'il y a de plus agréable. Dimanche soir, on aurait même pu endurer une petite laine sur le chemin qui mène au resto de quartier où nous avons pris nos habitudes.

Mais la surprise la plus agréable est le niveau acceptable de pollution. «Même pendant les grandes chaleurs, la qualité de l'air, sans être extraordinaire, n'était pas désastreuse. L'index de pollution de l'air se maintenait entre 70 et 90 (il est jugé problématique quand il dépasse 100). Au cours des derniers jours, il est descendu autour de 30. C'est mieux qu'à Toronto pendant la même période», souligne Kolb.

Les mesures prises par la Chine pour atténuer la pollution - réduction du trafic routier, fermetures temporaires d'usines, arrêt des chantiers de construction - ont eu un effet positif. «Nous n'avons absolument rien entendu qui nous laisse penser que la qualité de l'air a été un problème pour nos athlètes», indique Jon Kolb. Mais la météo aide aussi les organisateurs des Jeux: le vent dominant vient du nord, ces jours-ci, plutôt que du sud, qui regorge d'industries polluantes.

Encore six jours comme ça et les organisateurs pourront dire mission accomplie.