Yogi Berra ne connaît probablement rien au judo, mais il a exprimé une vérité fondamentale de ce sport le jour où il nous a légué l'immortel «ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini». Sasha Mehmedovic peut en témoigner.

Le judoka d'origine serbe, qui a grandi à Toronto mais s'entraîne depuis quatre ans sous la tutelle de Nicolas Gill au club Shidokan, dans Notre-Dame-de-Grâce, a fini neuvième dans la catégorie des moins de 66 kg, hier, après avoir laissé filer la victoire dans les derniers instants de la demi-finale du repêchage, contre le Russe Alim Gadanov.

Mehmedovic menait 1-0 avec sept secondes à écouler au combat, quand il a écopé d'une sanction d'un point pour « fausse attaque « - une tentative de gagner du temps pour remporter le combat. Il s'est ensuite incliné dès le début de la prolongation.

«Ça fait très mal, a dit Mehmedovic après coup, en éclatant en sanglots. Je me suis présenté à ces Jeux en visant un top 5 et j'étais très confiant. J'étais prêt, dans la meilleure forme de ma carrière.»

L'athlète de 23 ans a admis avoir fauté. «Ça n'aurait pas dû aller en prolongation. Si j'avais été plus rusé, j'aurais évité ça. J'aurais pu garder mes distances un peu et laisser le temps s'écouler.»

Même s'il a tiré de l'arrière au pointage pendant presque tout le combat, Gadanov avait l'ascendant sur son adversaire. «Même quand il était en retard, il contrôlait le combat, a dit Nicolas Gill. C'est un peu comme quand tu passes une partie de hockey dans ta zone : même si tu es en avance 1-0, si l'autre équipe enlève son gardien, ça chauffe encore plus.»

Malgré cette défaite, Gill entrevoit de belles choses pour Mehmedovic. «Il est encore jeune. Il a fini septième au Championnat du monde l'an dernier, neuvième aux Jeux : les choses vont bien, a dit l'entraîneur. Parfois il faut passer près pour se dire qu'on est capable de le faire et pour débloquer.»

Mehmedovic avait bien commencé la journée, remportant son premier combat contre l'Équatorien Roberto Ibanez. Il avait ensuite perdu aux mains du Français Benjamin Darbelet, futur médaillé d'argent, puis avait battu facilement le Marocain Rachid Rguig, avant de finalement s'incliner devant Gadanov.

«Quatre années viennent de s'envoler sur le tapis, a dit Mehmedovic, qui a combattu devant sa copine et plusieurs membres de sa famille. Je ne sais pas si j'aurai une autre chance aux Jeux olympiques, on verra. Ça fait mal.»