À son corps défendant, les déboires de Roger Federer tombent à pic pour donner du relief à l'épreuve de tennis des jeux Olympiques dont la légitimité reste à construire.

Battu lors des trois premiers tournois du Grand Chelem et sur le point de céder sa place de N.1 mondial à Rafael Nadal dès le 18 août, le Suisse joue à Pékin à partir de dimanche une de ses dernières chances d'éviter une année 2008 blanche.

«C'est sûr qu'une victoire ici ou à l'US Open sauverait ma saison», a-t-il avoué.

Federer, porte-drapeau de la Suisse lors de la cérémonie d'ouverture vendredi, le jour même de ses 27 ans, garde des souvenirs contrastés de ses deux premières aventures olympiques.

A Sydney, il avait connu le bonheur de sa rencontre avec sa compagne Mirka Vavrinec et la satisfaction d'un tournoi plutôt réussi, malgré la frustration d'avoir manqué le podium de peu (4e).

En revanche à Athènes, il avait subi un échec sportif cinglant dès le deuxième tour et vécu une expérience humaine décevante à cause du harcèlement permanent de ses admirateurs.

Échaudé, le champion s'est cette fois-ci installé dans un hôtel, laissant son grand rival espagnol porter le fardeau de la célébrité au village olympique.

L'homme aux douze Grand Chelem n'aura pas la tâche facile car son aura d'invincibilité appartient désormais au passé. «Roger est redevenu humain, ça nous a tous donné beaucoup d'espoir», a dit l'Américain James Blake, son possible adversaire en quart de finale. Il sera donc en danger dès le premier tour contre le Russe Dmitry Tursunov.

Les stars au rendez-vous

Federer ne serait pas le premier Suisse champion olympique en tennis puisqu'en 1992 c'est Marc Rosset qui était monté sur la première marche. Le Genevois est l'un des trois médaillés d'or, sur cinq depuis le retour du tennis aux Jeux en 1988, à n'avoir jamais gagné de Grand Chelem.

Cette année, toutes les stars sont présentes au rendez-vous olympique à l'exception de l'Américain Andy Roddick. Et encore l'Américain a avoué qu'il allait probablement regretter de ne pas en être lorsqu'il verrait la délégation américaine défiler lors de la cérémonie.

La moiteur étouffante de Pékin pourrait provoquer des surprises mais le risque paraît faible d'assister à une finale du style de celle de 2004, entre le Chilien Nicolas Massu, médaillé d'or, et l'Américain Mardy Fish qui, sans faire injure à ses protagonistes, n'avait pas fait avancer la cause du tennis olympique.

Le grand favori est évidemment le futur N.1 mondial, Rafael Nadal, archi-dominateur depuis quatre mois. Le Serbe Novak Djokovic tient le rôle de premier outsider, avec peut-être le Britannique Andy Murray qui vient de le battre en finale de Cincinnati.

Chez les dames aussi toutes les vedettes sont là, à part Maria Sharapova, blessée. Même si les deux premières têtes de série sont les Serbes Ana Ivanovic et Jelena Jankovic, les soeurs Williams semblent capables de réussir le même doublé qu'à Athènes, où Venus avait gagné le simple avant de s'imposer en double avec Serena.