Le baseball majeur a mis fin à une opposition de longue date vis-à-vis les reprises vidéo et permettra à ses arbitres de faire usage de cette technologie pour s'assurer de la validité ou non d'un coup de circuit, et ce dès jeudi.

La mise en place du système survient presque 10 mois après que les directeurs généraux d'équipes aient voté 25-5 en faveur de l'adoption des reprises vidéo. Les dirigeants du baseball majeur ont également dû conclure des ententes avec les syndicats des arbitres et des joueurs.

«Je crois que cette extraordinaire technologie qui est à notre disposition nous donne l'opportunité d'utiliser les reprises vidéo sur une base très limitée, a précisé le commissaire Bud Selig. Le système que nous utiliserons permettra de prendre les bonnes décisions lors de coups de circuit, sans retarder les matchs de façon significative.»

Trois séries doivent s'amorcer jeudi alors que les Phillies visiteront les Cubs, les Twins affronteront les Athletics et les Rangers se mesureront aux Angels. Pour les autres séries du week-end, les reprises vidéo seront accessibles vendredi.

Pour l'instant, les reprises vidéo serviront à déterminer si une balle a bel et bien franchi la clôture, si elle est passée devant ou derrière le poteau de démarcation et s'il y a eu obstruction de la part d'un spectateur sur un circuit potentiel.

Selig, qui s'était opposé à l'adoption des reprises vidéo dans le passé, a fait savoir que ce seront les seuls cas où la technologie sera employée.

«Je suis encore contre l'usage de la reprise vidéo à une large échelle, a avisé Selig. Je crois sincèrement que notre sport s'est développé pendant plus d'un siècle en faisant les choses à notre façon.»

Les signaux venant de chacun des stades où seront présentés des matchs seront révisés à New York par un technicien et un superviseur des officiels ou un arbitre à la retraite. Si l'arbitre en chef du quatuor en fonction décide qu'il doit vérifier la reprise vidéo, les officiels quitteront le terrain et le technicien présentera la reprise au superviseur ou à l'arbitre à la retraite. L'arbitre en chef renversera la décision seulement si la «reprise démontre clairement et de façon convaincante» qu'il y a eu erreur.

Un gérant qui quittera l'abri pour contester une décision à la suite d'une reprise vidéo sera automatiquement expulsé.

Selon Selig, l'utilisation des reprises vidéo pourrait bien réduire la durée des matchs puisqu'elles permettront d'éliminer certains arguments.

«Bien que l'usage de la reprise vidéo est au stade expérimental, nous espérons que l'initiative s'avérera une réussite d'ici la fin de la saison», a déclaré le directeur exécutif de l'Association des joueurs, Donald Fehr.

L'Association des joueurs a accepté l'utilisation de la reprise jusqu'à la fin de la saison mais elle a jusqu'au 10 décembre pour demander des amendements en vue des années futures. Si l'Association s'abstient, la reprise vidéo sera appliquée dans les conditions actuelles jusqu'en 2011.

Le baseball est le dernier sport professionnel en Amérique à faire usage de la technologie. La NFL a adopté les reprises vidéo pour la première fois en 1986, la LNH a emboîté le pas avant la saison 1991-1992 et la NBA a fait de même lors de la saison 2002-2003.

Avant le match de son équipe face aux Indians de Cleveland, mardi, le vétéran lanceur Kenny Rogers, des Tigers de Detroit, a manifesté son désaccord face à l'initiative du baseball majeur et émis l'opinion qu'une décision controversée impliquant les Yankees de New York était à la source de cette décision.

Rogers faisait allusion à un long coup de Alex Rodriguez, le 21 mai contre les Orioles de Baltimore. Rodriguez avait été crédité d'un double alors que la reprise télévisée avait clairement démontré que la balle avait franchi la clôture.

«Je n'aime pas ça, a tranché Rogers. Je pense que l'on va un peu loin, et tout ça parce que, lors d'un match des Yankees, un joueur n'a pas été crédité d'un circuit? S'il vous plaît! C'est une situation que l'on a vu des centaines de fois, et ça fait partie du jeu. C'est ce qui fait la beauté du sport. Des erreurs sont possibles.»

Rogers, qui a lancé avec les Yankees en 1996 et 1997, croit que la décision du baseball majeur montre un manque de soutien envers les officiels.

«C'est une gifle au visage des arbitres. Ces gens sont avec nous depuis longtemps et ils ont accompli de l'excellent travail dans des situations pas toujours faciles, a ajouté Rogers. Oui, ils rendent de mauvaises décisions de temps à autres. Mais nous avons tous commis des erreurs un jour ou l'autre.»