On dit souvent que l'habit fait le moine, mais aux Jeux olympiques de Pékin, certains se demandent si c'est le costume qui fait le nageur.

L'introduction du costume Speedo Fastskin LZR Racer a permis au monde de la natation compétitive, déjà rapide comme l'éclair, de passer à une vitesse supérieure. Les nageurs qui se sont glissés dans le costume très moulant ont traversé la piscine du Cube d'eau comme des torpilles.

Plusieurs se demandent si c'est grâce nouveau costume qu'un aussi grand nombre de records du monde (24) ont été réédités aux Jeux en natation, ou que l'Américain Michael Phelps a remporté un nombre effarant de huit médailles d'or.

Les entraîneurs de natation et les athlètes déclarent que le costume est comme un jet supersonique. L'avion est peut-être doté d'une technologie à la fine pointe, mais il a quand même besoin d'un bon pilote pour voler.

«(Les costumes) ont eu un impact, a reconnu dimanche Bob Bowman, l'entraîneur de Phelps. Je pense que c'est difficile à dire à quel point ç'a été le cas parce que cette piscine est tellement rapide.

«Je ne pense pas qu'on puisse dire que les costumes à eux seuls ont rendu tout le monde plus rapide. Ils ont contribué.»

Alan Thompson, entraîneur-chef de la puissante formation australienne, a quant à lui minimisé l'influence des costumes sur les résultats.

«C'est négligeable, a lancé Thompson avec dédain lorsqu'on lui a demandé d'évaluer l'impact du LZR Racer. Tout le monde les avait. Il n'y a eu aucun impact.»

Inge de Bruijn, la nageuse néerlandaise à la retraite qui a remporté quatre

médailles d'or olympiques, a affirmé que Phelps aurait dominé les Jeux même sans maillot Speedo.

«Je pense qu'il aurait quand même gagné, a-t-elle dit. Il est phénoménal. Il n'y en a pas d'autres comme lui.»

Ryan Cochrane, qui a mis fin à la léthargie du Canada en natation aux JO en décrochant la médaille de bronze au 1500 m libre, dimanche, a avancé que l'avantage que procure le costume pourrait être tout aussi bien psychologique que physique.

«Tu sais que ce costume-là a permis d'améliorer plusieurs records du monde, alors quand tu le mets, tu es convaincu que tu vas être plus rapide, a déclaré l'athlète de Victoria. Mais pour qu'il y ait autant de nouvelles marques, il faut qu'il y ait une bonne technologie à la base.»

Avant même les JO, plus de 50 records du monde avaient été améliorés par des nageurs portant le LZR.

Pierre Lafontaine, directeur général de Natation Canada, a déclaré que ces records-là ont été brisés à nouveau à Pékin, ce qui signifie que les athlètes sont de plus en plus rapides.

«Le costume est doté d'une excellente technologie, a dit Lafontaine. Mais ce n'est qu'une étape. Tous ces temps seront améliorés encore très bientôt.»

Les costumes sont si serrés qu'ils sont presque suffocants. Cochrane se souvient de la première fois où il a tenté d'en enfiler un.

«Ils nous avaient dit qu'on aurait besoin d'aide, a-t-il raconté. Je ne les croyais pas. C'a pris à peu près 25 minutes.

«Il n'y a aucune couture qu'on peut agripper, il y a des panneaux. Ils ne s'étirent pas. Quand tu essaies de tirer dessus ça roule sur les mains, et ça provoque des ampoules.»

Le costume, qui coûte plus de 500 $, fait également mal quand on le porte au début. Imaginez ce que ce serait que de passer la journée dans des jeans qui sont la moitié de votre taille habituelle.

«Dans mon cas, quand j'ai commencé à le porter, ça tirait sur mes épaules, a expliqué Cochrane. Ce n'était pas très plaisant.»

Immédiatament après les courses, on pouvait voir plusieurs nageurs qui défaisaient leur fermeture-éclair au plus vite. On pouvait aussi voir des marques rouges sur leur corps, là où des morceaux du LZR mordaient dans la peau.

Michael Scott, un Australien qui conseille l'équipe de natation de la Grande-Bretagne, affirme qu'il est simpliste d'affirmer que seuls les costumes ont contribué à améliorer la vitesse des nageurs aux Jeux.

«La technologie a joué un rôle, a-t-il dit. Mais si vous croyez que c'est attribuable à 100 pour cent au costume, alors vous sous-estimez le travail fait par les entraîneurs et les athlètes.»