Note à moi-même: ne plus jamais suivre les conseils de Stéphane Paquet, le correspondant de La Presse à Pékin.

Pour vous faire découvrir la Chine dans ses articles, Stéphane n'a pas son pareil. Pour vous dépanner à votre arrivée en sol chinois, c'est une autre histoire.

À mon arrivée à Pékin, Stéphane, qui vit dans la capitale chinoise depuis six mois et qui est le seul du groupe à baragouiner le mandarin, propose gentiment de me dénicher l'article indispensable à tout journaliste dépêché à l'étranger: un téléphone cellulaire. Coutume chinoise oblige, il négocie même les prix à la baisse avec le vendeur.

J'ai vite compris pourquoi il a réussi à arracher un rabais. La communication est coupée plusieurs fois par jour. Quand elle fonctionne, l'écho est insupportable. La sonnerie agressante du téléphone ressemble à de la mauvaise musique rétro. Par surcroît, le ledit téléphone est tout simplement impossible à éteindre - c'est parfait pour un employé qui doit être disponible 24h par jour, mais il y a quand même des moments où il faut fermer le damné bidule! Comme l'autre jour durant la conférence de presse du tennisman britannique Andy Murray. Habituellement stoïque en entrevue, Murray avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles lorsque j'ai relevé la tête après avoir raccroché au nez de mon interlocuteur

Mais le plus amusant est de rajouter du temps d'utilisation. Le vendeur m'a concocté un drôle de combo: un téléphone China Mobile - de loin le numéro un du marché de la téléphonie cellulaire dans l'empire du Milieu - et une puce de son concurrent China Unicom. Il s'agit de deux sociétés d'État, mais leurs réseaux ne sont pas compatibles. Il faut donc trouver un des rarissimes magasins China Unicom afin d'acheter des minutes supplémentaires. Et comme China Mobile est le commanditaire officiel des Jeux, China Unicom se fait plutôt discret sur les sites olympiques.

Il m'a fallu déambuler une bonne heure - en d'autres mots, j'étais complètement perdu - dans les rues de Pékin afin d'apercevoir enfin un logo de China Unicom. Une heure durant laquelle j'ai pesté contre le capitalisme chinois, contre la concurrence et même un peu contre mon ami Stéphane. C'est dire à quel point la Chine gagnerait à instaurer un monopole dans l'industrie de la téléphonie cellulaire!