Je sais, je sais, le valeureux collègue Bernard Brault a titré ainsi une de ses photos du jour. Les photographes sont toujours plus vite que les journalistes.

J'ai eu le flash de cette carte postale pendant la conférence de presse de Michael Phelps suivant sa troisième médaille d'or. Il était midi à Pékin, minuit à Montréal.

À mi-chemin de son marathon aquatique, Phelps avait l'air frais comme une rose. L'ordinateur sur les genoux, le t-shirt trempé, je me sentais exactement comme en pleine nuit. Ça urgeait, les presses attendaient de repartir à Pointe-aux-Trembles.

Généreux et attentif, Phelps a même un peu dépassé la limite habituelle de 15 minutes. Il avait quand même très hâte d'aller piquer un somme en cette rare demi-journée de congé de piscine.

Chaque matin, son réveil sonne à 4h30. Il s'arrache du lit 30 minutes plus tard au moment où mon réveil futuro-cheap chinois se fait entendre au Village des médias. Il y a les papiers à finir avant de sauter dans la navette pour le parc olympique.

Comment Phelps récupère-t-il ? «Beaucoup de pizza et de pâtes, beaucoup d'hydrates de carbone», a-t-il dit en riant. Je me concentre sur les protéines et les légumes. Pour les creux au Cube d'eau, où le menu est plus que chiche, les précieuses barres de céréales apportées de Montréal sont d'un secours inestimable. Ma réserve baisse et je commence à m'inquiéter.

Phelps prend des bains glacés et se fait masser au minimum trois fois par jour. Avant le début des Jeux, j'ai découvert un service de massage gratuit au centre de presse. Le mot s'est vite passé et il faut maintenant réserver des jours à l'avance. Une impossibilité pour un journaliste constamment à la course contre le décalage horaire.

Je garde quand même un bon souvenir de ce vigoureux massage par une Chinoise de 92 livres (vous pouvez bien rire). Comme tout le monde veut tout savoir ici, ça m'a valu une interview à la télé taïwanaise. «Jamais je n'aurais cru qu'une si petite personne pouvait être aussi forte», ai-je déclaré, ce qui a déclenché un fou rire général dans la salle remplie de masseurs et de journalistes fourbus.

Je ne gagnerai jamais de médaille d'or mais j'aurai eu mes 15 minutes de gloire.