Dure soirée à l'ouvrage, hier, pour Aleksandra Wozniak. La Blainvilloise a livré un match en dents de scie pour arracher une victoire difficile de 6-2, 1-6 et 7-5 à la Taïwanaise de 18 ans, Yung-Jan Chan.

Pour la première fois de sa carrière, Wozniak s'est présentée sur le central du stade Uniprix comme la favorite du match. L'époque où elle arrivait en grande négligée, avec rien à perdre et tout à gagner, est terminée. Les attentes étaient élevées et la foule était venue admirer le talent de la meilleure joueuse au pays.

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Le match a commencé selon le plan prévu. Devant des spectateurs bruyants, elle a commencé sa soirée avec aplomb, prenant le bris d'entrée de jeu. Devant, la Taïwanaise semblait déroutée par les coups profonds de Wozniak et l'enthousiasme de la foule. Même Wozniak s'attendait à une meilleure riposte.

«C'est une joueuse que je connais bien. On a joué souvent l'une contre l'autre en double et elle est toujours agressive. Mais on dirait que ça lui a pris du temps avant d'être à l'aise.»

En fait, Chan a eu besoin d'un set entier pour trouver ses repères. Au deuxième set, le scénario a dérapé pour la Québécoise. Wozniak s'est mise à multiplier les erreurs. Les lignes semblaient trop loin, le filet trop haut, les pieds trop lourds. Le compas était déréglé : fautes, fautes et doubles fautes... Remporter deux points d'affilée était devenu une mission impossible.

«Je me suis un peu perdue avec la foule, admet Wozniak. C'est énervant de jouer chez nous ! J'essayais d'être concentrée, mais la foule était tellement bruyante et elle applaudissait tellement longtemps... Je perdais parfois mon rythme. J'aime jouer vite, j'aime que ça roule... C'est aussi la première fois de ma carrière que je jouais aussi tard. Il faut dire aussi qu'elle a joué super bien au deuxième set... C'est une joueuse surprenante, avec des balles très lourdes dans les coins.»

Plus le temps passait, plus Chan prenait de l'assurance. Ses montées au filet laissaient Wozniak sans voix. À 18 ans, Chan a une impressionnante feuille de route en double, avec huit titres. Pas facile de la piéger quand elle campe au filet. La Taïwanaise semait des étincelles; la Québécoise répondait par des coups erratiques. On aurait entendu voler une mouche tellement l'assistance était sonnée par la déconfiture de sa favorite.

Wozniak a repris un peu de confiance en fin de set, mais pour dire vrai, les pronostics n'étaient pas très bons au début du set ultime. Pareil effondrement laisse des traces et sème le doute... La Blainvilloise avait toute une confiance à reconstruire et son jeu restait fragile, surtout au service.

«J'ai retrouvé mon rythme au troisième set, dit-elle. J'ai accéléré mon jeu, j'ai été plus agressive. J'ai réussi à me mobiliser mentalement. Le deuxième set est passé tellement vite, que je n'ai même pas eu le temps de réagir. Mes matchs à Stanford m'ont aidé à garder confiance, à mieux gérer mes émotions.»

Ses succès à Stanford lui ont aussi permis d'atteindre un sommet au classement en carrière. Ce soir, toutefois, la tâche est colossale, face à la deuxième favorite, la Serbe Jelena Jankovic. Le match est prévu tard en soirée, après celui opposant Maria Sharapova à Marta Domachowska. Les deux joueuses se sont affrontées en 2007 à l'Open d'Australie et Jankovic l'avait emporté 6-3, 6-3.

«C'est une belle occasion pour moi de l'affronter de nouveau, dit Wozniak. Je sens que j'ai plus d'expérience. J'espère que mon match sera meilleur. Je vais essayer d'être prête, agressive et de garder mon rythme. Je vais jouer encore plus tard (qu'hier), mais la foule sera encore là pour m'appuyer.»

Des favorites n'ont fait que passer

Après Francesca Schiavone lundi, d'autres têtes de série ont été sorties de la Coupe Rogers, hier. Nicole Vaidisova, 16 e favorite, s'est inclinée en trois sets de 3-6, 6-3 et 2-6 contre la 33e raquette mondiale, la Japonaise Ai Sugiyama, hier au parc Uniprix. La huitième tête de série, la Russe Vera Zvonareva, a perdu 3-6, 6-1 et 6-7 (2) contre la Française Virginie Razzano, 27e mondiale.

En soirée, la Russe Elena Dementieva, cinquième favorite, a été sortie 4-6, 2-6 par la Slovaque Dominika Cibulkova. Les autres favorites, dont Maria Kirilenko, Victoria Azarenka et Svetlana Kuznetsova, sont passées au tour suivant. En double, la Québécoise Stéphanie Dubois et sa partenaire Sabine Lisicki ont remporté leur match de premier tour, 6-4, 6-3. Marie-Ève Pelletier et sa coéquipière Tamarine Tanasugarne passent aussi au deuxième tour, après l'abandon de leurs adversaires biélorusses. Mélanie Gloria et Valérie Tetreault se sont inclinées en trois sets.