Le cyclisme est le sport de l'antidopage, estime Roger Legeay, le responsable de l'équipe Crédit Agricole actuellement à la recherche d'un nouveau parrainage après dix années passées avec la grande banque française.

La victoire à Saint-Brieuc de Thor Hushovd, le Norvégien en lice pour le maillot vert, a lancé son équipe sur les meilleures bases. Même en l'absence de Pierre Rolland, le grand espoir français, ménagé pour la suite d'une carrière qui s'annonce brillante.

Q: Pourquoi dites-vous que le cyclisme est devenu le sport de l'antidopage ?

R: «A tous les niveaux, le cyclisme a été novateur avec les tests sanguins, le passeport biologique, les carnets de santé. Chacun fait son travail, les organisateurs, les groupes sportifs, les athlètes, les fédérations. Les uns tendant le bras le matin pour les prises de sang, les autres donnant de l'argent. Quel autre sport fait autant ?»

Q: Pour quel résultat ?

R: «La réussite de l'antidopage est due aux chercheurs. On leur donne l'urine, le sang, l'ADN et on met de l'argent. Derrière, les chercheurs ont fait des avancées formidables. Le Tour l'an dernier était incroyablement désagréable mais aussi plein d'espoir. On prend les gros poissons. On a eu des problèmes, on en aura d'autres peut-être. C'est l'effet d'une lutte antidopage forte avec des initiatives réglementaires, l'application du principe de précaution, la tolérance zéro.»

Q: Les années noires sont-elles dans le rétroviseur ?

R: «Je l'espère. Je crois surtout que le tournant pris est irréversible. Aujourd'hui, les chercheurs se sont rapprochés des fautifs. Il y avait un grand écart à un moment donné. Le radar, aujourd'hui, est de plus en plus précis. Même si c'est toujours la lutte du gendarme et du voleur.»

Q: Combien les mesures antidopage coûtent-elles à votre équipe ?

«Au total, 150.000 euros. C'est une belle somme mais que l'on donne sans regret. On dit que le passeport biologique n'est pas sur le Tour (L'UCI n'a pas transmis les données aux instances françaises, ndlr) mais il y est en réalité: tous les coureurs ont subi les contrôles, les managers d'équipes sont avertis des anomalies.»

Q: Avez-vous été averti ?

R: «Non, j'ai été informé que s'il y avait un problème dans mon équipe, je serais prévenu.»

Q: Où en êtes-vous pour l'arrivée d'un nouveau parraineur ?

R: «J'ai toujours donné comme date limite le 1er août, pour dire si l'on continue et comment on le fait. Les coureurs font leur travail, je fais le mien. Je suis en contact avec des sociétés, j'attends les réponses.»

Q: Est-ce plus difficile qu'avant ?

R: «C'est la quatrième fois que je suis en recherche de partenaire (après Peugeot, Z et GAN) et c'est toujours difficile. Parce que ce sont des budgets importants et surtout parce que ce sont de vrais choix d'entreprise. Il faut arriver au moment où la société s'interroge sur ce qu'elle va faire en 2009.»

Q: Votre groupe reste-t-il soudé ?

R: «Les coureurs ont confiance, vous l'avez constaté. L'équipe a une histoire, un présent avec un leader charismatique comme Thor (Hushovd), dans la force de l'âge. Elle a aussi un avenir avec des garçons sur lesquels on travaille sur la durée. Comme Pierre (Rolland).»

Q: Est-il le futur champion français ?

R: «C'est sûr, il a un gros potentiel. Il va être très attendu, c'est évident, mais je crois qu'il a les épaules pour faire. A nous, son équipe, d'être prudent. On va avec lui dans la perspective de grandes choses.»