Quatre petites statues blanches représentant Bouddha qui surmontent le centre d'entraînement du Bayern Munich: depuis qu'il a pris ses fonctions d'entraîneur lundi, Jürgen Klinsmann a tenu parole et déjà métamorphosé le club le plus titré du football allemand.

Lorsqu'ils retrouveront le centre d'entraînement de la Säbener Strasse après leurs vacances qui viennent à peine de commencer, Euro-2008 oblige, Bastian Schweinsteiger, Miroslav Klose et Franck Ribéry, dont le retour de blessure est programmé en septembre, auront besoin d'une visite guidée, tant les lieux ont changé depuis la fin de la saison 2007-08.

Les stars du Bayern disposent désormais d'un bâtiment qui leur est exclusivement réservé avec vestiaires, salles de musculation et de soin, restaurant, auditorium, un lieu pompeusement baptisé «centre de performance» et conçu dans un style épuré, très zen.

«Les joueurs peuvent s'y reposer, regarder des films, prendre du temps pour eux entre les entraînements, suivre des cours de langue. L'objectif est de travailler intensivement, avec des buts précis, car cela permet de développer une énergie positive», a détaillé Klinsmann lors de sa première conférence de presse mercredi, à six semaines de la reprise du Championnat d'Allemagne.

Car au Bayern version Klinsmann, on ne s'entraîne plus, on se développe. Sur le terrain et en dehors.

L'ancien capitaine de l'équipe d'Allemagne travaille sur ce projet depuis janvier, la date de son recrutement-surprise par le Bayern où il a succède à Ottmar Hitzfeld.

Sérénité

«On dit souvent qu'un match se décide dans la tête, c'est pourquoi il faut aussi +entraîner+ l'esprit. Il faut stimuler les joueurs, les inciter à progresser», a résumé Klinsmann, très marqué par la période qu'il a passé aux Etats-Unis après sa retraite sportive en 1998.

Comme il l'avait fait lorsqu'il a dirigé la Nationalmannschaft de 2004 à 2006, Klinsmann, 43 ans, a constitué un staff cosmopolite de spécialistes avec des préparateurs physiques américains, un adjoint mexicain et un psychologue du sport allemand.

Klinsmann, qui n'a aucune expérience d'entraîneur en club, est de son propre aveu «un communicateur», plus qu'un technicien. Ses idées pour son centre de performance («un bijou que même le Real et le Barça n'ont pas»), le polyglotte entraîneur les a ramenés de ses nombreux voyages et de ses stages d'observation dans le basket-ball professionnel américain, notamment chez les Los Angeles Lakers.

Même le manageur général Uli Hoeness, symbole un peu rustique du Bayern, est séduit par ce centre qui, selon le président du club Karl-Heinz Rummennige, a coûté «le prix d'un transfert».

«Avoir une telle infrastructure ne fait pas marquer des buts, mais elle donne les conditions optimales pour marquer des buts et encore mieux jouer», insiste-t-il pour parer déjà les éventuelles critiques de la presse.

Klinsmann a déjà eu un petit aperçu de ce qui pourrait l'attendre si sa révolution échoue ou s'enlise. Pour protester contre les nouvelles consignes données par le service de communication du Bayern, les photographes ont boycotté sa conférence de presse. Mais la sérénité toute bouddhiste de «Klinsi» n'en a, semble-t-il, pas (encore) souffert.