Riccardo Ricco, sorti jeudi matin du Tour de France, a poussé la comparaison avec son idole, le grimpeur italien Marco Pantani, jusqu'à quitter un grand tour entre deux gendarmes, suite à un problème lié au dopage.

À Madonna di Campiglio, le Pirate italien (vainqueur du Tour 1998) était parti du Giro 1999 à cause d'un hématocrite hors norme, prélude à une déchéance progressive qui aboutit à son décès d'une overdose de cocaïne en février 2004.

À Lavelanet, c'est un contrôle antidopage positif qui a brutalement interrompu la carrière du «Cobra», le surnom de ce coureur atypique et provocateur de 24 ans.

Natif de Formigine, une localité proche de Modène (nord-est), Ricco a failli être écarté du peloton professionnel avant même de le rejoindre. Rejeté des sélections nationales à cause d'un hématocrite élevé, il avait dû se soumettre à une batterie d'examens afin d'obtenir un certificat attestant que ce taux était naturel.

Sans attendre, Ricco s'est fait un nom dès sa deuxième saison dans l'élite, en 2007. Sur le vélo, en mettant le feu à Milan-Sanremo puis en gagnant une étape de montagne du Giro, dans les Dolomites, avec l'assentiment de son coéquipier Leonardo Piepoli. En coulisses aussi, en fustigeant la passivité des coureurs anonymes du peloton: «Ils se comportent comme des légumes !»

«Parfois, je ferais mieux de réfléchir avant de parler, avait-il ensuite reconnu, mais je ne veux pas me brimer, c'est aussi l'instinct qui me rend fort sur la route.»

Le mythe Pantani

Caractère de feu, du genre «je dis ce que je pense et je fais ce que je dis», Ricco a passé la vitesse supérieure cette année. Deux étapes du Giro et la deuxième place du classement final sont venus s'ajouter à son CV.

Mais le grimpeur de la Saunier Duval, l'équipe qui lui a fait signer son premier contrat professionnel en 2006, a surtout voulu ressusciter le mythe Pantani. Ses démarrages fulgurants en montagne, sa facilité et son sens du défi ont établi un début de légende.

L'illusion s'est brutalement déchirée dans le Tour, un mois et demi après la fin d'un Giro dont il avait été une des grandes vedettes.

Ce Tour d'Italie ne l'avait pas laissé indemne à l'entendre. Le «Cobra» avait décidé ensuite tardivement de courir le Tour de France qui ne figurait pas à son programme et avait adopté profil bas au moment d'annoncer ses ambitions.

«J'ai déjà connu le stress du classement général sur le Giro. Donc là, je ne veux me mettre aucune pression et je ne veux pas penser au général, on verra au jour le jour.»

Cerné par l'inévitable suspicion due à sa facilité insolente à l'arrivée à Super-Besse puis dans le col d'Aspin bien plus plus qu'à ses seuls résultats (9e du classement à la sortie des Pyrénées), Ricco était devenu l'objet de la curiosité générale. Son aura commençait à déborder des seuls médias italiens, friands de son panache et de ses déclarations fracassantes.

Le fiancé de Vania Rossi, championne italienne de VTT, avait poussé la ressemblance avec Pantani jusqu'à s'établir sur le littoral de Romagne afin d'aller s'entraîner sur les mêmes routes que son idole. Pour son malheur, il a suivi aussi son sulfureux aîné sur des chemins hors-la-loi.