Après une semaine de folles conjectures sur l’hospitalisation de Catherine, princesse de Galles, deux éléments d’information ont semblé indiquer qu’elle allait mieux : une photo d’elle dans une voiture conduite par sa mère et la confirmation par l’armée britannique qu’elle assisterait à une cérémonie en juin.

Mais comme tout ce qui concerne la santé de la femme du prince William, ces dernières semaines, la certitude s’est rapidement évaporée.

Le palais de Buckingham a indiqué mardi que l’armée avait annoncé prématurément la participation de Catherine au Salut aux couleurs, un rituel qui célèbre l’anniversaire du souverain. Et bien que les journaux britanniques aient signalé l’existence de photos de paparazzi, prétendument de « la princesse Kate », qui ont été publiées sur les médias sociaux lundi, aucun d’entre eux n’a publié les images.

Et après cet autre cycle de nouvelles douteuses, les fervents de la monarchie se sont retrouvés au même point : dans le noir au sujet de leur princesse, qui a subi une opération à l’abdomen en janvier et qui n’a pas été vue depuis.

La seule évocation de Catherine s’est faite par personne interposée, lundi soir, quand son oncle sans filtre, l’excentrique Gary Goldsmith, est apparu dans une téléréalité britannique, Celebrity Big Brother.

En d’autres temps, ses frasques auraient pu embarrasser Catherine, qui cultive une image digne et disciplinée en tant que membre éminent de la famille royale. Mais en l’absence de nouvelles, l’oncle cabotin et provocateur a donné un répit à Kate en fournissant aux tabloïds britanniques de quoi se mettre sous la dent.

Les patrons de presse de Fleet Street – la rue des tabloïds – ont dû faire le difficile arbitrage entre leur zèle à couvrir la famille royale – presque sans borne en ce qui concerne la future reine, la roturière Kate Middleton – et le droit à un minimum de vie privée même pour les personnalités publiques en ce qui touche leur santé.

« Les médias sont à la traîne » sur les médias sociaux, dit Sarah Sands, ex-cadre à la BBC et ex-adjointe à l’éditeur du Sunday Telegraph. « Ils sont en plein questionnement, selon elle. L’ont-ils trop aimée et lui ont-ils mis trop de pression ? Le nouveau rôle des médias est-il de réconforter ? »

« En ce moment, les tabloïds ont l’aide de ce personnage de bouffon sympathique qu’est Gary Goldsmith, l’oncle retors de Kate, poursuit Mme Sands. Il sera probablement leur seule source interne au cours des prochaines semaines. »

Photos granuleuses

Si cela s’avère, cela pourrait éviter aux journaux et aux chaînes de télévision des décisions difficiles comme celle de lundi, lorsque le site américain de potins TMZ a publié ce qu’il affirme être les premières images de Catherine depuis son hospitalisation. Les photos granuleuses prises au téléobjectif montrent une femme portant des lunettes de soleil qui ressemble à Catherine. Elles ont été prises près du château de Windsor, selon TMZ.

Voyez les photos de TMZ

Selon le Daily Mail, les photos n’ont pas été publiées en Grande-Bretagne parce que le palais de Kensington, où William et Catherine ont leurs bureaux, « a demandé qu’elle puisse se rétablir en privé ». Le tabloïd de Londres émet l’hypothèse qu’elles ont été prises lundi matin, peu après que Catherine eut déposé ses enfants à l’école, aidée par sa mère, Carole Middleton.

Chris Ship, qui couvre la monarchie pour ITV News, a évoqué ces images circulant sur l’internet, mais a déclaré : « Nous ne les diffusons pas par respect pour sa vie privée pendant qu’elle se remet de son opération, durant une certaine période. »

Selon le palais de Kensington, Catherine reprendra ses fonctions royales après Pâques, au plus tôt. La semaine dernière, William s’est brusquement retiré d’une cérémonie, déclenchant un tourbillon de rumeurs. Le palais a alors réitéré cet échéancier, ajoutant qu’il ne fournirait que des « mises à jour significatives ». Un porte-parole a déclaré que la princesse se portait toujours bien.

Souvenir de Diana

Mardi, le palais a refusé de commenter les photos, affirmant ne pas vouloir donner de publicité à TMZ. Les journaux britanniques traitent avec prudence les photos de paparazzi depuis la mort de la princesse Diana, la mère de William, dans un accident de voiture à Paris en 1997, après une poursuite à grande vitesse par des photographes.

« Ce souvenir est encore vif dans les médias britanniques », affirme Mme Sands, qui était alors rédactrice en chef adjointe du Daily Telegraph. « Ils ont eu beaucoup de remords. Les règles sur la vie privée et la responsabilité ont profondément changé. »

Les tribunaux ont statué que le droit à la vie privée s’étendait à la famille royale, et le code d’éthique de la presse, qui régit une grande partie des médias britannique, protège tous les individus contre les intrusions injustifiées dans les enjeux de santé physique et mentale.

Certains ont un regard plus cynique sur les motivations des médias, d’autant que les images sont facilement accessibles sur un iPhone.

« Ce qui est fascinant, c’est que les sottises publiées sur les médias sociaux au sujet de Kate donnent aux journaux l’occasion d’écrire sur un sujet sur lequel il n’y a rien à écrire, tout en jugeant de haut ce qui se trouve sur le web », dit Peter Hunt, un ancien correspondant royal de la BBC.

Gaffe

C’est la deuxième fois en quatre mois que les médias britanniques refusent de publier des informations sur la famille royale, même après leur diffusion sur les réseaux sociaux. En novembre, les journaux n’ont pas publié les noms de Catherine et du roi Charles III après qu’ils eurent été identifiés dans l’édition néerlandaise d’un nouveau livre comme ceux qui ont posé des questions sur la couleur de peau de l’enfant à naître du prince Harry et de son épouse, Meghan.

Cette retenue n’a cessé qu’après qu’un animateur de télévision, Piers Morgan, a révélé les noms dans son émission. Le palais de Buckingham a déclaré à l’époque qu’il envisagerait une action en justice, mais il n’a pas agi.

L’annonce erronée de la participation de Catherine au Salut aux couleurs pourrait bien n’être qu’une gaffe bureaucratique. L’armée avait indiqué sur son site web que Catherine, colonelle honoraire de la garde irlandaise, passerait en revue les soldats qui doivent défiler lors de la cérémonie du 8 juin.

Mais un porte-parole royal a réagi en indiquant que l’agenda de la princesse était une prérogative du palais de Kensington et que rien n’était confirmé. Le palais de Kensington s’est abstenu de commenter la participation de M. Goldsmith, qui est le frère cadet de Carole Middleton, à Celebrity Big Brother.

En 2017, M. Goldsmith, 58 ans, un ancien entrepreneur technologique, a plaidé coupable de voies de fait sur sa femme, Julie-Ann Goldsmith.

Une vidéo promotionnelle de l’émission montre un Gary Goldsmith jubilant qui déclare : « Faire grimper les gens dans les rideaux est probablement mon passe-temps favori. Mon être tout entier est fait de malice et de danger. »

Puis il ajoute : « Vivre avec moi est un véritable cauchemar. Ce n’est pas pour rien que j’ai eu quatre femmes. »

Cet article a été publié dans le New York Times.

Lisez cet article dans sa version originale (en anglais ; abonnement requis)