(Washington) Les chefs de la diplomatie des États-Unis, du Mexique et du Guatemala se sont réunis mercredi à Washington pour parler de la crise migratoire, sujet dominant de la campagne présidentielle américaine.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a reçu au département d’État ses homologues mexicain Alicia Barcena et guatémaltèque Carlos Martinez afin de renforcer la coopération entre les trois pays en matière de lutte contre l’immigration clandestine et pour s’attaquer à ses causes.

« Aujourd’hui, nous sommes vraiment là pour renforcer la collaboration que nous avons sur les flux migratoires », a affirmé M. Blinken au début de la réunion, se félicitant notamment de la coopération avec le Mexique dans ce domaine et de travailler avec le nouveau gouvernement au Guatemala.

Après de longs mois d’attente, le président Bernardo Arévalo a pu être investi à la tête du Guatemala mi-janvier.

Les États-Unis sont « très, très heureux de voir que la transition a eu lieu et que le gouvernement est non seulement en place, mais qu’il agit fermement pour relever les défis du moment, y compris celui de la migration irrégulière », a déclaré M. Blinken.

Selon un haut responsable américain, le Guatemala accueillera en avril la prochaine réunion ministérielle dans le cadre de la Déclaration de Los Angeles sur les migrations, adoptée en 2022 et fixant un cadre pour la politique migratoire dans l’hémisphère ouest.

Les trois pays ont par ailleurs convenu de créer une « cellule opérationnelle » pour mieux collaborer à ce sujet, selon ce responsable qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.

Chiffres record

La crise de l’immigration est l’un des thèmes centraux de la campagne aux États-Unis pour l’élection présidentielle cette année, les républicains rassemblés derrière l’ancien président Donald Trump accusant l’administration de Joe Biden d’avoir favorisé « une invasion » de migrants.

Le président démocrate, qui se représente pour un second mandat, et son probable adversaire en novembre Donald Trump doivent d’ailleurs tous les deux se rendre jeudi au Texas, portant leur duel à la frontière avec le Mexique.

Les traversées irrégulières depuis le Mexique, principalement par des Latino-Américains à la recherche de meilleures conditions de vie, atteignent des chiffres record.

Ces échanges interviennent alors que les républicains au Congrès ont fait de la lutte contre l’immigration une priorité absolue et bloquent une aide à l’Ukraine et Israël afin de contraindre le président Biden sur le sujet.  

Le Sénat américain à majorité démocrate était parvenu récemment à un accord bipartite sur une proposition de loi durcissant la politique migratoire mais celle-ci a été rejetée par les républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, sous la pression notamment de Donald Trump.

Les États-Unis et le Mexique ont accéléré le rythme de ces réunions, et ont eu une série d’entretiens fin décembre à Mexico où M. Blinken s’était entretenu avec le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, puis à Washington en janvier.

Avec plus de 3000 km de frontière avec les États-Unis, le Mexique est un pays de transit et d’attente pour les migrants, principalement en provenance de pays d’Amérique centrale en proie à la violence ou à la pauvreté (Honduras, Guatemala, Salvador), des Caraïbes (Haïti, Cuba) et du Venezuela.

« Nous sommes les premiers à devoir gérer les besoins de notre population. Nous devons créer et offrir des opportunités pour que nos citoyens n’émigrent pas », a déclaré pour sa part le ministre guatémaltèque Carlos Martinez.