Le président américain Donald Trump a menacé mardi de «détruire totalement» la Corée du Nord et de remettre en cause l'accord nucléaire avec l'Iran, dans un discours belliqueux devant l'Assemblée générale de l'ONU.

S'exprimant comme lui pour la première fois dans l'hémicycle des 193 États membres des Nations unies, le président français Emmanuel Macron s'est lui fait le chantre d'un «multilatéralisme» plus efficace, s'opposant clairement à son homologue américain sur plusieurs sujets-clés, dont l'Iran et le climat.

Alors que le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait ouvert les débats en plaidant pour une «solution politique» pour éviter une «guerre» avec la Corée du Nord, Donald Trump s'en est pris violemment au «régime dévoyé» de Pyongyang.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, à nouveau qualifié d'«homme-fusée», s'est embarqué dans «une mission-suicide», a-t-il lancé.

«Il est naïf de penser que des sanctions et des menaces belliqueuses d'attaque nucléaire des États-Unis peuvent faire fléchir la Corée du Nord», a déploré l'Arms Control Association dans un communiqué.

«État voyous»

Dénonçant les «États voyous», le président américain a également attaqué l'Iran, qualifié de «dictature corrompue».

Il a semblé plus proche que jamais d'une remise en cause de l'accord signé par les grandes puissances avec Téhéran pour encadrer le programme nucléaire de ce pays et s'assurer qu'il ne serve pas à le doter de l'arme atomique.

L'accord nucléaire de 2015 est «un des pires auxquels les États-Unis aient jamais participé», a-t-il affirmé.

«Nous ne pouvons pas laisser un régime meurtrier continuer ses activités déstabilisatrices (...) et nous ne pouvons pas respecter un accord s'il sert à couvrir l'éventuelle mise en place d'un programme nucléaire», a déclaré M. Trump.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a aussitôt dénoncé un «discours de haine» tandis que son président Hassan Rohani, qui s'exprimera mercredi à la tribune de l'ONU, a estimé que plus personne ne fera confiance aux États-Unis si Washington se retire de l'accord. À l'inverse, le premier ministre israélien Benyamin Néthanyahou a salué le discours «le plus courageux» jamais entendu «en plus de trente ans d'expérience avec l'ONU».

Les Européens, France en tête, espèrent encore peser sur le futur choix américain. Dénoncer l'accord serait une «lourde erreur», «ne pas le respecter serait irresponsable», a ainsi mis en garde Emmanuel Macron.

La France a proposé un «complément» à l'accord sur le nucléaire iranien, sur lequel les signataires pourraient travailler pour l'après 2025, une manière d'entrouvrir une porte de sortie pour Washington.

Parmi les autres «bêtes noires» de Donald Trump, la «dictature socialiste du président Nicolas Maduro au Venezuela, où il a dénoncé une «situation inacceptable». «Nous ne pouvons pas rester sans rien faire», a-t-il estimé, en se disant prêt à «d'autres actions» pour rétablir la «démocratie», sans préciser lesquelles.

Le chef de la diplomatie vénézuélienne lui a répondu en l'accusant de reprendre des théories «racistes».

Le président américain, qui avait salué lundi les nobles objectifs de multilatéralisme de l'ONU tout en dénonçant sa «bureaucratie», a également averti que l'armée américaine serait «bientôt plus forte que jamais» et qu'il «placerait toujours l'Amérique d'abord».

Des pays «indépendants» et «forts» sont à la base de l'ordre mondial, a-t-il fait valoir, défendant une vision unilatéraliste du monde.

Multilatéralisme ou unilatéralisme

«Par langueur, nous avons laissé s'installer l'idée qu'on est plus fort quand on fait preuve d'unilatéralisme», a de son côté estimé Emmanuel Macron, dans une critique de l'approche américaine.

Outre le texte sur l'Iran, le président français a défendu l'accord de Paris de 2015 sur le climat et visant à limiter le réchauffement de la planète: il «ne sera pas renégocié» malgré le retrait américain, a-t-il affirmé tout en laissant la porte «ouverte» aux États-Unis s'ils changeaient d'avis. Mais Donald Trump a passé sous silence dans son discours ce sujet crucial.

Emmanuel Macron a aussi dénoncé le «nettoyage ethnique» contre la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie, une crise comparée par le Nigérian Muhammadu Buhari au génocide de 1994 au Rwanda et aux massacres de 1995 en Bosnie.

Le président français a appelé de ses voeux la création d'un «groupe de contact» réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et les «parties prenantes» au conflit en Syrie, pour favoriser une solution politique. Sans faire de sa destitution un préalable, le chef de l'État français a estimé que le président syrien Bachar al-Assad était «un criminel» qui «devra être jugé».

Malgré leurs divergences sur des sujets-clé, Donald Trump et Emmanuel Macron avaient fait assaut d'amabilités lundi lors d'une rencontre bilatérale à New York.

«Il fait un super boulot en France» et «a eu l'une des plus grandes victoires électorales de tous les temps», avait lancé le président américain. «Nous avons beaucoup de vues communes» et «la force de cette relation, c'est que nous nous disons tout», a renchéri son homologue français.

Parmi les autres pays appelés à s'exprimer mardi, au premier jour d'une semaine de discours, figurent le Qatar, la Turquie, Israël, le Mali, l'Égypte ou l'Afghanistan. Les dirigeants russe et chinois sont absents, représentés par leur ministre des Affaires étrangères.