Donald Trump a entamé sa première semaine à la Maison-Blanche en signant une série de décrets depuis le Bureau ovale, après avoir promis des baisses massives d'impôts et une réduction drastique de la réglementation aux États-Unis.

Comme annoncé durant sa campagne, Donald Trump a signé l'acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP), dont l'administration de Barack Obama avait fait l'une de ses priorités.

Après un premier week-end chaotique au cours duquel ses opposants ont fait une démonstration de force dans la rue et son porte-parole a été accusé de mensonge, le président républicain veut agir vite.

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« Nous en parlions depuis longtemps », a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature dans le Bureau ovale, jugeant que le retrait du TPP était « une bonne chose pour le travailleur américain ».

Vu comme un contrepoids à l'influence grandissante de la Chine, ce traité a été signé en 2015 après d'âpres négociations par 12 pays d'Asie-Pacifique représentant 40 % de l'économie mondiale. Mais le texte, qui va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières, n'était pas encore entré en vigueur, en l'absence de ratification par le Congrès américain.

Sans perdre de temps, le président républicain entend redessiner les contours des accords commerciaux, certains anciens, liant les États-Unis au reste du monde.

M. Trump a annoncé dimanche qu'il allait commencer à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu'il doit voir prochainement. Une rencontre avec son homologue mexicain est notamment prévue le 31 janvier.

Gel des embauches au niveau fédéral

Le président Trump a aussi ordonné par décret le gel des embauches au niveau fédéral, sauf pour l'armée.

Le républicain avait fait du gel des embauches une grande promesse de campagne, tout en assurant que les secteurs de la santé, de la sécurité publique et l'armée seraient épargnés.

Ces premières décisions réjouissent les élus républicains.

« Le président Trump ne perd pas de temps pour mettre en oeuvre ses promesses », a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, dans un communiqué.

En gelant les embauches fédérales, « il a fait un premier pas déterminant vers le contrôle de la bureaucratie à Washington. Nous avons hâte de travailler avec le président pour renforcer ces actions et offrir des résultats au peuple », a-t-il ajouté.

En campagne, Donald Trump avait fait figurer en bonne place sa promesse de geler les embauches fédérales, au deuxième rang du chapitre dédié à « l'élimination de la corruption et des collusions » avec les lobbys, dans son « contrat avec les électeurs américains ».

Le financement d'ONG étrangères soutenant l'avortement interdit

Donald Trump a également signé un décret interdisant le financement par des fonds fédéraux d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement.

Cette décision est susceptible de vivement inquiéter les associations américaines de planification familiale et de défense des droits de la femme alors que le nouveau président s'est entouré dans son gouvernement de hauts responsables ouvertement hostiles au droit à l'avortement.

Ces restrictions avaient été mises en place pour la première fois sous le président républicain Ronald Reagan avant d'être annulées par le démocrate Bill Clinton. Elles avaient été remises en place par le républicain George W. Bush et annulées à nouveau par le démocrate Barack Obama.

Galvanisés par la victoire de Donald Trump le 8 novembre, les opposants américains à l'avortement se mobilisent et ont déjà adopté en décembre, dans certains Etats où ils sont au pouvoir, des mesures anti-IVG draconiennes qui flirtent parfois avec les libertés constitutionnelles.

Le nouveau président s'est par ailleurs engagé à nommer à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l'avortement, en précisant que ce nouveau rapport de force à la haute juridiction pourrait à terme déboucher « automatiquement » sur l'annulation de « Roe V. Wade », l'arrêt emblématique qui a légalisé l'avortement en 1973 aux États-Unis.

Promesses de baisses « massives » d'impôts

Recevant 12 dirigeants d'entreprise à la Maison-Blanche lundi matin, il leur a promis des baisses « massives » d'impôts et a affiché sa volonté de réduire la réglementation « de 75 %, peut-être plus », sans donner la moindre précision sur la nature exacte des réformes envisagées.

« Le problème de la réglementation que nous avons aujourd'hui est que vous ne pouvez rien faire [...] J'ai reçu beaucoup de récompenses pour l'environnement mais certains de ces trucs rendent impossible de construire quoi que ce soit », a encore dit le magnat de l'immobilier, en présence en particulier de Mark Fields (Ford), Marillyn Hewson (Lockheed Martin) ou encore Alex Gorsky (Johnson & Johnson).

À court terme, il devrait cependant se heurter à un obstacle de taille : son équipe est loin d'être opérationnelle.

Seuls deux membres de son administration - James Mattis à la tête du Pentagone et John Kelly secrétaire à la Sécurité intérieure - ont à ce jour été confirmés par le Sénat.

Mais la voie semble désormais dégagée pour l'un des principaux d'entre eux : Rex Tillerson, ancien patron d'ExxonMobil, choisi pour diriger la diplomatie américaine. Marco Rubio, dernier sénateur républicain qui était indécis, a annoncé lundi qu'il ne s'opposerait pas à sa nomination à la tête du puissant département d'État.

M. Trump, qui a promis durant sa campagne de construire un mur frontalier entre son pays et le Mexique financé par Mexico, a dit espérer de « très bons résultats » avec ce pays sur les questions d'immigration et de sécurité.

Immigration et Cour suprême

Le nouveau président pourrait parallèlement remettre en cause le programme « DACA », mis en place par Barack Obama en 2012 et qui a permis à plus de 750 000 clandestins arrivés jeunes sur le territoire d'obtenir des permis de séjour et de travail.

Sur l'environnement et le climat, l'administration Trump a juré de mettre fin à « la guerre contre le charbon » et pourrait revenir sur nombre de réglementations mises en place par l'administration Obama. Elle pourrait aussi réorienter de manière significative l'allocation de fonds à l'international destinés à la lutte contre le changement climatique.

M. Trump a également promis qu'il annoncerait dans les deux semaines à venir le nom de celui qu'il entend proposer pour remplacer, à la Cour suprême, le juge Antonin Scalia, précisant qu'il disposait d'une liste de 20 candidats.

L'exécutif a par ailleurs exclu dimanche que le nouveau président américain, dont le patrimoine et les revenus sont entourés d'un épais mystère, rende publique sa déclaration d'impôts.

« Il ne publiera pas sa déclaration d'impôts. Ce sujet a été abordé durant la campagne et cela n'intéressait pas les gens », a lancé Kellyanne Conway, sa proche conseillère.

Une association anticorruption a porté plainte lundi contre M. Trump pour violation de la Constitution américaine en raison des revenus qu'il continue à percevoir de pays étrangers.

C'est la première plainte déposée contre le nouveau président, premier milliardaire à accéder à la Maison-Blanche, qui a abandonné la direction de son empire immobilier, la Trump Organization, à ses fins mais sans couper aucun lien financier.

Les avoirs de la Trump Organization à l'étranger comme aux États-Unis l'exposent à de nombreux soupçons de conflit d'intérêts, selon les experts en éthique.

La plainte a été déposée par l'ONG Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (CREW), appuyée par d'éminents juristes et spécialistes de droit constitutionnel américain devant un tribunal fédéral de New York.