Marco Rubio, le jeune sénateur qui rêve de Maison-Blanche, est à la peine dans les sondages mais une solide troisième place dans la primaire de lundi pourrait faire de lui l'homme providentiel des conservateurs effrayés par Trump ou Cruz.

L'élu, que ses adversaires traitent parfois d'Obama républicain à cause de son visage de jeune premier et de son éloquence, laboure les terres de l'Iowa, où se tiendra lundi la première primaire de cette très longue campagne présidentielle.

Lors de réunions et de rencontres informelles dans les cafés et restaurants de cet État du centre des États-Unis, Marco Rubio met en avant son image de conservateur rationnel, qui se concentre sur des programmes réalistes à l'opposé de la rhétorique enflammée d'un Donald Trump ou de l'idéologie ultra-conservatrice d'un Ted Cruz.

Pour l'instant, les sondages dans l'Iowa favorisent le milliardaire et le sénateur du Texas, à respectivement 28%, 23% contre 15% seulement à Rubio, selon les derniers chiffres Des Moines Register/ Bloomberg publiés samedi.

Mais à 44 ans, Marco Rubio attire les jeunes, qui sont séduits par son optimisme sur l'avenir de l'Amérique et par son histoire personnelle, celle d'un fils d'immigrés cubains qui s'est fait tout seul.

Sur la même longueur d'onde

«Rubio et moi on est sur la même longueur d'onde sur bon nombre de sujets importants», affirme Nathan Haila, 36 ans, qui est cadre dans une entreprise industrielle.

Il apprécie certains aspects du message de Donald Trump, «mais au bout du compte ce qui est important c'est le programme».

L'aggressivité de Trump, ses insultes et la simplication à outrance de sujets complexes peuvent s'avérer contre productives, souligne M. Haila.

«Il est difficile de faire le tri dans la rhétorique pour savoir ce que quelqu'un va faire», ajoute t-il.

Alex Kovac, 20 ans, et étudiant en ingénierie mécanique à Iowa State University, est un «grand fan» de Marco Rubio, soulignant qu'il «n'est pas aussi indompté que Trump» et qu'il semble avoir une vision plus claire des choses.

Le sénateur de Floride se présente volontiers comme quelqu'un qui peut comprendre les problèmes de la classe moyenne américaine et dit comprendre les problèmes des étudiants qui s'endettent lourdement pour décrocher un diplôme.

Message reçu 5 sur 5 par Alex Kovac. «Je n'ai pas fini mes études et les dettes s'empilent déjà», reconnaît t-il, et Marco Rubio «semble comprendre ça».

Dieu 

Il fait également tout pour séduire les évangéliques, qui détiennent la clé du vote républicain dans l'Iowa, en invoquant, plus qu'il ne l'a jamais fait, Dieu et la religion.

«Nos droits ne nous viennent pas de notre gouvernement, nos droits ne nous viennent pas de nos lois, nos droits nous viennent de notre créateur», a-t-il lancé lors de son meeting électoral à Ames.

«Il attire du monde de toutes les composantes du parti», se réjouit, Alex Conant, le directeur de communication de Marco Rubio, auprès de l'AFP.

«Traditionnellement il y a tickets gagnants (pour la présidentielle) dans l'Iowa, et nous serons très heureux d'une solide troisième place», a souligné M. Conant, minimisant à dessein les chances de son poulain en bon stratège politique.

Il souligne aussi que son candidat est en lice, contre «le plus grand Monsieur Loyal du monde et la meilleure organisation qui ait jamais sillonné l'Iowa», souligne M. Conant à propos de Trump et de Cruz.

«Si nous arrivons à l'emporter devant les autres candidats républicains plus traditionnels avant (la primaire) du New Hampshire, je pense que cela nous mettrait dans une position de force».

Dans l'Iowa Rubio devance nettement les candidats républicains plus traditionnels que sont Jeb Bush, Chris Christie et John Kasich.

Dans le New Hampshire, où la primaire aura lieu le 9 février, il se retrouve derrière Kasich et Bush.

Signe de l'inquiétude que commence à susciter Rubio, Ted Cruz, qui semble perdre un peu de terrain, préfère désormais s'attaquer à son jeune collègue de Floride qu'à Donald Trump.

«Un vote pour Marco est un vote pour l'amnistie» des sans-papiers, a-t-il lancé dimanche matin sur CNN.