Tashfeen Malik, qui a participé au massacre à San Bernardino, avait fréquenté une école coranique fondée par une femme qui a déjà vécu au Canada, ont indiqué lundi des membres des services pakistanais du renseignement.

Malik avait étudié au séminaire («madrassa») international al-Huda, à Multan, au Pakistan. Cette organisation réservée aux femmes compte des madrassas au Pakistan, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Malik et son mari américain, Syed Farook, ont été tués par la police après avoir assassiné 14 personnes à San Bernardino, en Californie, la semaine dernière; 21 autres personnes ont été blessées dans la fusillade.

La porte-parole de l'école al-Huda de Multan, au Pakistan, a confirmé que Tashfeen Malik y avait suivi des cours pendant plus d'un an, six jours par semaine, d'avril 2013 à mai 2014, mais qu'elle n'avait pas terminé son programme d'études coraniques, d'une durée de deux ans. Malik aurait alors indiqué à son école qu'elle allait se marier et qu'elle partait s'établir en Amérique, a indiqué Farrukh Chaudhry. Elle voulait ensuite terminer sa formation par correspondance mais elle ne l'a finalement pas fait, a précisé la porte-parole.

«Personne (à l'école) n'a jamais remarqué chez elle un signe de radicalisation.»

Une seule école al-Huda existe au Canada; elle a été créée en 2005 à Mississauga, en Ontario. La fondatrice d'al-Huda, Farhat Hashmi, a déjà vécu au Canada mais elle n'y résiderait plus «depuis plusieurs années», selon Imran Haq, directeur de l'Institut al-Huda Canada.

Farhat Hashmi a été critiquée par le passé pour sa version très conservatrice de l'islam, mais l'organisation al-Huda n'a pas de liens connus avec les milieux extrémistes. Dans une entrevue accordée en 2010, Mme Hashmi a expliqué que son organisation permettait aux femmes d'obtenir plus de pouvoirs.

L'Institut al-Huda Canada a d'ailleurs senti le besoin, lundi, de se distancer de l'attentat de San Bernardino. Le directeur Haq a condamné le geste de Malik et de son mari, et dit craindre les contrecoups de ce drame sur son école et toute l'organisation.

«Le conservatisme religieux, c'est une chose - il y a des orthodoxes dans toutes les confessions religieuses, a-t-il dit, mais il ne faut pas confondre conservatisme et extrémisme». M. Haq insiste pour dire que son école, certes conservatrice, n'est pas pour autant extrémiste, et qu'elle n'entretient pas de liens très étroits avec la maison-mère pakistanaise.

Mais Farzana Hassan, du Congrès musulman canadien, a déjà assisté, par curiosité, à une conférence de Mme Hashmi, et elle y a entendu «une vision très fondamentaliste de l'islam» - qui faisait notamment la promotion de la polygamie et de la ségrégation des femmes.

«Lorsque vous adhérez à cette vision «pure et dure» de l'islam, vous adhérez à un tout: pas seulement la burqa et la condamnation à mort par lapidation pour infidélité conjugale (...) mais aussi le djihad», a soutenu Mme Hassan, une musulmane considérée comme «libérale».

PHOTO AP

L'école al-Huda de Multan.