L'auteur présumé d'un quadruple meurtre camouflé par un incendie volontaire dans une riche maison de Washington, a été inculpé vendredi pour assassinat, mais n'a pas pu agir seul et ses complices courent toujours, a indiqué le parquet.

Enchaîné à la taille, aux poignets et aux chevilles, Daron Dylon Wint, un jeune Noir américain revêtu d'une combinaison de prisonnier blanche, a comparu vendredi pour la première fois devant un tribunal de Washington, a constaté l'AFP. Il est accusé d'avoir kidnappé et tué un riche homme d'affaires de Washington, Savvas Savopoulos, le 14 mai dernier, selon un document judiciaire.

Il sera ultérieurement inculpé des trois autres meurtres: ceux de l'épouse de l'homme d'affaires, Amy, 47 ans, de leur fils de 10 ans et d'une employée de maison de 57 ans, Veralicia Figueroa.

Les quatre victimes avaient été apparemment ligotées et brutalisées pendant une quinzaine d'heures, avant d'être tuées quand leurs ravisseurs ont obtenu une somme de 40.000 dollars. Selon le même document, l'opération a commencé le 13 mai après 18H00 et s'est achevée avec l'intervention des pompiers pour un incendie criminel en début d'après-midi le 14 mai.

Daron Wint a été identifié par son ADN relevé sur la croûte d'une pizza entamée, laissée sur la scène du crime, tandis que des analyses d'empreintes digitales sont en cours sur une bouteille d'eau, a indiqué la procureure Emily Miller, à l'audience.

Son avocate commise d'office a soutenu que M. Wint était «innocent» du kidnapping et du crime et que «l'affaire était entièrement bâtie sur le désespoir» du gouvernement à trouver un coupable.

Selon le procès-verbal fourni à la presse, «les crimes ici décrits requièrent la présence et l'assistance de plus d'une personne». Après enquête, «il a été déterminé que les quatre défunts avaient été retenus captifs par M. Wint et d'autres jusqu'à ce qu'une somme de 40 000 dollars soit livrée à la résidence des Savopoulos», peut-on lire dans le document.

Le procès-verbal montre comment plusieurs employés de l'homme d'affaires se sont contredits sur la manière dont ces 40 000 dollars en petites coupures ont été retirés à la banque et apportés dans la demeure de ce quartier huppé de Washington.

D'autres personnes arrêtées avec Daron Wint jeudi ont été remises en liberté sans charge, a-t-on appris auprès du bureau du procureur.

«Bien que M. Wint soit maintenant derrière les barreaux (...) notre travail n'est pas terminé», a déclaré à la presse le procureur fédéral par intérim Vincent Cohen. «Nous allons continuer à enquêter et à inculper dans les prochaines semaines à chaque fois que ce sera approprié», a-t-il dit à la sortie du tribunal.

Sur la scène du crime, deux pizzas ont été retrouvées, dont l'une mangée aux trois quarts où a été identifié l'ADN de M. Wint, au casier judiciaire chargé; elles avaient été livrées la veille et laissées sous le porche à la demande de Mme Savopoulous, qui avait dit au livreur qu'elle allaitait et ne pouvait lui ouvrir la porte en personne.

Daron Wint, qui a gardé le silence à l'audience, a été convoqué devant le même tribunal le 23 juin.